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    Le palmarès du BAFF 2016

    Cette année encore, le BAFF a été au petit soin avec nous, malgré la cadence de la programmation. Léger faux départ, bien vite rattrapé par la qualité du film projeté lors de la cérémonie d’ouverture, dont on retiendra, à défaut des prouesses techniques de la projection, le nom de Sophie Charlier, qui remporte la bourse d’aide à la création offerte par de la Fédération Wallonie-Bruxelles et le CVB.

    Le jury, quant à lui, révèle le documentaire sur le festival du cinéma expérimental de Knokke, Exprmntl de Brecht Debackere. Déjà présenté au festival l’Age d’Or quelques semaines plus tôt à CINEMATEK, le film remporte, le prix du film sur l’art, pour la justesse et la légèreté de ce voyage en utopie. Le prix de la découverte attribué à un cinéaste de moins de 30 ans, est décerné à Trust in me de Yoann Stehr et Stephan Durbana, pour son osmose entre poésie et qualité technique ; les deux frères témoignent d’un stage donné par Natacha Belova à travers la mosaïque de témoignages de ces marionnettistes venus d’ici et d’ailleurs. Beaucoup de poésie récompensée avec également, une mention spéciale attribuée au film sur le travail de Berlinde de Bruyckere, White Skin Closed Eyes de Mira de Boose pour « la poésie du propos ».

    Pour cette seizième édition, le BAFF nous a encore offert une très belle programmation avec des films qui s’opposent, se confrontent, se répondent. Parfois complémentaires, souvent contraires mais toujours dans la dynamique de célébrer l’art et le processus de création. La sélection a mis en lumière un point clé de l’art contemporain, en mettant en avant la relation art(iste) et spectateur, à travers des films qui communiquent entre eux, avec nous et pour nous.

    Dans la continuité de cette dynamique d’échange, on remercie autant les réalisateurs que les programmateurs du festival, pour avoir appuyé une conception du genre indissociable de sa nécessité ; le BAFF nous a proposé des films qui prennent le temps de montrer ce qu’ils nous donnent à voir. Qu’il s’agisse de Sol LeWitt de Chris Teerink, dont les plans permettent une vision globalisante des œuvres de l’artiste, des 3h30 de projet de Daniel Buren, une fresque de Gilles Coudert et l’artiste lui-même, ou des images insérées dans Koudelka Shooting Holy Land de Gilad Baram, pour ne citer que la sélection hors compétition, les films respirent et consacrent du temps aux œuvres.

    Les salles se remplissent au fil des heures, mais restent trop peu fréquentées sur toute la durée du festival. Documentaire non informatif ou film sans péripétie ; la grande critique du film sur l’art en général et dont résulte probablement ce manque d’intérêt par le grand public, c’est les défaillances de structure narrative globale. Beaucoup s’émancipent du fil narratif en se focalisant sur la contemplation, comme si l’un et l’autre n’étaient pas compatibles, pourtant le regard contemporain requiert une contemplation raisonnée, quasi-constante. Le spectateur est perpétuellement sollicité à une démarche, pourquoi pas contemplative, mais surtout réflective. Si Sliding Flora de Talya Lavie (lauréate du festival du film sur l’art public Now you see me !) prend totalement le contre-pied en mettant en scène la statut de Nikki de Saint Phalle Le Golem via la fiction, Relève : histoire d’une création, qui suit Benjamin Millepied à travers le ballet de l’Opéra de Paris, est un exemple plus probant en ce qu’il comprend, non seulement l’impulsion du prétexte de la caméra, mais aussi une histoire qui contient une structure narrative relativement classique. Le documentaire Les enchanteurs de Frederic Laffont, qui dresse le portrait de L’Opéra de la Monnaie à travers ses petites mains, fonctionne en mosaïque. L’emboîtement des récits est indispensable mais permutable, si bien que l’attention n’est pas retenue par la tension narrative comme il peut l’être dans Relève.

    Créé il y a plus de 15 ans sur une initiative d’Eric Van Essche, entre autre professeur et  ancien directeur de l’Iselp, le BAFF a su garder sa dynamique initiale, malgré son épanouissement structurel et géographique, à travers une interaction constante avec les spectateurs, que ce soit par la présentation des séances, la présence des cinéastes ou même d’une table ronde.

     

    Audrey Lenchantin
    Audrey Lenchantin
    Journaliste du Suricate Magazine

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