Our City
de Maria Tarantino
Documentaire
Sorti le 18 novembre 2015
Maria Tarantino est née en Italie. Un pays qu’elle a quitté depuis longtemps pour s’installer à Bruxelles. Philosophe de formation, puis journaliste, la réalisatrice nous livre via le documentaire Our City, sa vision de la capitale belge et européenne. Au travers d’images taiseuses et de rencontres presque hasardeuses, elle épluche un à un les milliers de petites particules qui ensemble font de Bruxelles une ville singulière.
Pas de voix off ou de commentaire face caméra, mais bien une série d’épisodes de vie pris quasiment sur le fait. Les décors sont tristes et les personnages empreints d’une morosité certaine, même si ils ont tous quelque chose à dire. Pas de doute, ce documentaire n’est pas joyeux et le spectateur que nous sommes se pose d’innombrables questions sur la motivation de l’auteure de nous montrer « notre ville » sous cet angle-là.
La note d’intention de Maria Tarantino répondra à la plupart de nos questionnements. De fait, elle s’y défend très bien en précisant d’emblée avoir fait une œuvre très personnelle. De même, elle est entièrement consciente de dévoiler Bruxelles sous un rendu visuel peu luisant. C’est peu dire. Car, pour un natif de la ville, Our City est une claque en pleine figure. Cette dernière phrase n’étant pas forcément péjorative.
Et pour cause, le documentaire s’attarde une heure et demi durant à dépeindre les strates de la ville, à présenter des étrangers (ou descendants) issus d’horizons divers et ce, pour diverses raisons. Un film qui présente « une ville d’étrangers qui appartient à tout un chacun », pour paraphraser la réalisatrice. Une ville en construction perpétuelle à l’instar des chantiers du quartier européen sur lesquels le docu s’attarde.
C’est frustrant, mais le bruxellois ne peut lui donner tort. Rien n’est faux dans la vision subjective de Maria Tarantino. La kyrielle de microcosmes qui compose la population est une réalité quotidienne. La disparition des anciens quartiers en est une également. Mais une question demeure pourtant : quelle est l’identité réelle de Bruxelles et surtout de ses habitants ? Our City n’est pas un film moralisateur et se contentera de la définir comme « en construction ».
À la fin de la projection, de notre siège de spectateur, nous nous mettons alors à douter de cette vision chaotique. Et si nous ne retenions d’une ville que ses extrêmes ? Lorsque je parle de Paris, ne vois-je que la Tour Eiffel et les HLM de banlieues ? Lorsque je pense à New-York, n’y vois-je que les fastes de Broadway et la misère du Bronx ? Et si une ville en valait une autre ?
Quoi qu’il en soit, Our City a le mérite de poser des questions et d’apporter un angle de réflexion. En cela, la fenêtre sur Bruxelles qu’a ouverte Maria Tanratino est très intéressante.