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    Ôtez-moi d’un doute, mais qui est le père ?

    Ôtez-moi d’un doute

    de Carine Tardieu

    Drame, Comédie

    Avec François Damiens, Cécile de France, Alice de Lencquesaing

    Sorti le 6 septembre 2017

    Erwan (François Damiens), est démineur. Lors d’un entretien avec le gynécologue de sa fille enceinte (Alice de Lencquesaing), il apprend que son père n’est pas son père biologique.  Malgré son attachement à l’homme qui l’a élevé (Guy Marchand) et avec l’aide d’une détective un peu loufoque, il découvre l’identité de son géniteur. Les doutes qui le taraudent, la rencontre fortuite d’une femme et la recherche du père de son futur petit-fils vont inexorablement entraîner le breton en terrain miné.

    Le film débute avec une scène chez le gynécologue qui en annonce tout de suite le ton. L’humour qui s’en dégage est loin des comédies françaises franchouillardes que le cinéma hexagonal a pu nous imposer dans la dernière décennie. On y retrouve un ton que toute une nouvelle génération d’auteurs commence à faire émerger depuis quelques années, osant la comédie, rejetant le pathos déprimant du cinéma social auquel certains réalisateurs nous avaient habitués. Car on peut parler ici de cinéma social tant les thèmes abordés posent question et provoquent chez les protagonistes l’exacerbation de sentiments profonds.

    La filiation est une vaste question. Et tout le film tourne autour de cela. Mais loin de nous entraîner dans la douleur des personnages, Carine Tardieu arrive de très belle manière à nous immerger dans la vie simple, pudique et sincère de ce démineur breton. Ses valeurs semblent s’effondrer autour de ce coup du sort mais, même si il les remet en cause, il leur reste fidèle. C’est d’ailleurs tout l’intérêt du film car, grâce à un scénario plutôt abouti, l’enchaînement des différentes situations, parfois absurdes, souvent loufoques mais jamais cruelles nous embarque dans l’histoire au rythme de ses doutes, des non-dits et du hasard.

    Dans un casting (presque) sans tâche, la plupart des rôles sont interprétés avec beaucoup de justesse. Si on met quelques minutes pour s’habituer à l’accent français un peu forcer de François Damiens, son incarnation du breton pudique et légèrement rustre est remarquable. Guy Marchand nous enchante dans le rôle du père d’Erwan avec dans les yeux ce qu’il faut de malice et de sincérité. À noter que l’une des vraies réussites de ce film est le traitement des personnages secondaires. L’interaction de ces derniers avec les principaux protagonistes leur permet de se révéler dans toute leur maladresse, leur naïveté et souvent leur mauvaise foi. Le personnage du stagiaire (Esteban), sorte de Homer Simpson jeune, apporte une fraicheur au film et ses réactions de candide au cerveau de crevette débouchent sur des situations tellement insensées qu’elles en deviennent poétiques. On pourra cependant regretter que l’histoire d’amour entre Erwan et Anna soit un peu artificielle, ce qui est quelque peu préjudiciable à l’histoire.

    Se réclamant du cinéma de Claude Sautet (dont on retrouve une mention au générique), Carine Tardieu nous fait voguer au milieu de ces gens simples et pudiques, aux réactions profondément humaines nous berçant au fil de l’histoire d’une émotions toute singulière dans un monde plutôt optimiste sur la nature humaine. Son humour fin, léger et sans méchanceté fait de ce film une petite pépite d’un cinéma dont l’optimisme fait du bien.

    Bruno Pons
    Bruno Pons
    Journaliste du Suricate Magazine

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