Otages à Entebbe
de José Padilha
Policier, Thriller, Drame
avec Daniel Brühl, Rosamund Pike, Eddie Marsan
Sorti le 30 mai 2018
Avec un penchant pour les faits divers et historiques, José Padilha, le réalisateur de la série Narcos, s’attaque cette fois à un événement phare du conflit israélo-palestinien. Juin 1976, un avion Air France qui effectuait le trajet Tel-Aviv – Paris en passant par Athènes, est détourné par un groupe d’Allemands révolutionnaires pro-palestiniens, à son bord 105 passagers dont beaucoup sont israéliens. L’avion déviera jusqu’à Entebbe en Ouganda, dont le petit aéroport international sera réaménagé en vue d’accueillir les otages. Les révolutionnaires allemands rejoints par des membres du Front populaire de Libération de la Palestine beaucoup plus radicaux vont exiger du gouvernement israélien, en échange de la vie des passagers juifs, qu’il libère des combattants palestiniens – ou terroristes d’après Jérusalem – retenus dans des prisons de plusieurs pays.
Ces dernières années s’est fortement développée une forme de cinéma très politisée qui se penche essentiellement sur des problèmes de société assez lourds auxquels fait face le Moyen-Orient. Mais heureusement, là n’est pas le propos d’Otages à Entebbe, qui réutilise l’Histoire pour en faire un film d’action, dont le suspens parvient à garder le spectateur en haleine durant un peu moins de deux heures. Mais même si l’objectif premier n’est pas tellement d’informer mais presque plus de divertir, il est impossible de faire fi de l’aspect politique lorsqu’il est question d’une affaire qui implique plusieurs pays, mais aussi d’une guerre qui divise autant l’opinion publique mondiale. Et, bien que le combat des révolutionnaires palestiniens soit expliqué par les premiers concernés, les victimes qu’il faut sauver ne restent pas moins les innocents passagers juifs de l’avion. Dès lors, les membres du gouvernement de Rabin deviennent les héros justiciers, ce qui fait pencher la balance en faveur d’Israël. Et si l’image de la Palestine n’y est pas la plus reluisante, celle de l’Ouganda est presque pire. Idi Amin, dont on n’a jamais su avec certitude les implications dans cette histoire, paraît être tout aussi responsable de cette prise d’otages que le sont les révolutionnaires allemands et palestiniens. Ce manque de neutralité est un peu le défaut que l’on pourrait reprocher à Otages à Entebbe, non pas en sa qualité de film d’action mais bien en ce qu’il se concentre sur un sujet à dimension politique.
Mais il est évident que José Padilha sait captiver son public. Le réalisateur brésilien glisse parmi des scènes très intenses, des images de danses juives très esthétisantes qui ont pour but de casser la violence du propos tout en l’appuyant. Et véritablement, c’est un coup de génie qui apporte un plus par rapport aux nombreuses autres adaptations à l’écran, qu’elles se présentent sous forme de documentaire ou de fiction, du raid d’Entebbe.
Et l’autre carte que sort de sa manche José Padilha, c’est son casting. Ce sont des caractères très forts que les acteurs doivent réussir à s’approprier, caractères qui luttent de manière différentes dans un moment de crise. Et que ce soit les ravisseurs allemands (Daniel Brühl et Rosamund Pike), le vaillant pilote français (Denis Ménochet), le rabin (Lior Ashkenazi) et son bras droit (Eddie Marsan) mais aussi le petit rôle d’Idi Amin (Nonso Anozie), tous ont un jeu excellent en ce qu’ils parviennent à rendre la tension encore plus palpable. Car il faut bien le reconnaître Otages à Entebbe kidnappe le spectateur pour ne le relâcher qu’à la dernière minute.