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    Oshiire aux Tanneurs

    Chorégraphie de Uiko Watanabe, création et interpétation de Uiko Watanabe, Vincent Minne

    Du 4 au 6 juin 2015 aux Théâtre Les Tanneurs dans le cadre du Frestival D

    Entre rire, tristesse et effroi, Oshiire est un spectacle étonnant qui nous mène vers une réflexion singulière à propos de la famille et sur le rôle ou le non-rôle du parent au sein de celle-ci.

    Cinquante minutes de danse et de théâtre mêlés… Ou plutot entremêlés comme cette relation étrange entre cette mère (agilement interpretée par le comédien Vincent Minne) et sa fille (jouée par la surprenante et talentueuse Uiko Watanabe) qui tentent de survivre tant bien que mal à l’absence tragique et terrifiante du père. Cette création, qui est une réussite à de nombreux niveaux, nous donne en effet à réfléchir sur le sens de la famille et sur le bon sens des adultes qui la composent…

    Ce spectacle est à la fois dense et léger, drôle et grave à l’image de ces deux personnages teintés de contradictions dont nous suivons une tranche de vie. Ces oppositions sont traduites par des allers-retours sur scène, des entrées et des sorties entre autres de l’Oshiire (petit meuble japonais), par des jeux de cache-cache qui finissent (parfois) mal ou encore par la consistance de ces corps qui jouent et dansent au gré d’une lumière subtile (créée par Eric Castex) qui elle aussi apporte de curieuses sensations contraires. Ainsi, par exemple, nous éprouvons la lourdeur de cette mère qui porte tout sur ses épaules grâce à la légerté de l’enfant qui saute, joue et danse sans relâche. Entre ombres et lumières, reflets et apparences, entre cauchemars et réalités, le fantôme du père se glisse jusque dans les gestes, les mouvements et l’éclairage des silhouttes présentes sur le plateau, faisant de son absence-même une présence perpétuelle.

    Uiko Watanabe nous bluffe totalement par son interpretation aussi riche que complète passant de la petite fille androgyne à la femme hyper-sexuée. Et le choix dramaturgique de prendre un homme (comédien et non-danseur) pour interpréter la mère, dans un spectacle où la danse a une place majeure, est un choix risqué et intéressant car il permet, par le jeu ingénieux de Vincent Minne, de révéler non seulement les différentes facettes mais aussi la complexité du personnage. Il est effectivement pertinent que ce soit ce corps masculin qui nous raconte cette tragédie du féminin, car il s’agit bien de l’histoire dramatique de deux femmes, cette mère et cette fille qui vont devoir se réinventer suite au départ définitif d’un père peu investi, d’un homme peu présent. Ces deux corps vont trépasser chacun à leur manière pour renaître d’une façon extrême. Et celui de la mère, corps hommasse, qui a pourtant eu l’air de chercher désepérément sa féminité durant tout le spectacle, finira déformé et hideux, perclus.

    Enfin, le spectateur est donc invité à entrer dans cet Oshiire comme on entrerait dans les antres d’une maison japonaise, d’un foyer en ruine, d’une famille ravagée. Mais il n’assiste pas seulement aux déboires de cette famille qui craque, il est poussé par un questionnement existentiel sur le sens même de la famille et plus particulièrement sur l’absurdité d’en créer une pour finir par la détruire totalement. Pour conclure, les artistes qui possèdent véritablement le plateau, réussissent, avec deux disiplines maîtrisées, à nous emmener avec eux pour explorer les restes d’une famille monoparentale contemporaine…

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