Orpheline
d’Arnaud des Pallières
Drame
Avec Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot
Sorti le 5 avril 2017
Arnaud des Pallières revient dans les salles avec Orpheline, une histoire tumultueuse. Avec Adèle Haenel, Gemma Arterton et une Adèle Exarchopoulos plus adulte, Orpheline relate les différentes étapes de la vie d’une femme.
Retraçant quatre étapes différentes de la vie du personnage, Orpheline d’Arnaud des Pallières (à qui l’on doit Parc sorti en 2009) nous entraine dans un suspens étrange. Dans un univers plutôt féminin, on retrouve quatre personnages qui, au final, ne représentent qu’une seule et même personne. Une enfant naïve, une adolescente paumée en manque d’affection et prête à tout plutôt que de rester chez elle dans un univers violent, une jeune fille aux mœurs légères cherchant un petit boulot et une femme essayant d’avoir un enfant. Toutes ont une histoire à raconter.
Avec un démarrage lent, on a des difficultés à situer les personnages ce qui rend le début de l’histoire peu compréhensible. D’autant plus que la structure diégétique ajoute à la confusion : le rapport au temps manque d’indices pour situer le personnage à travers les époques. Orpheline frôle l’indifférence du spectateur malgré le jeu d’acteur splendide de Gemma Arterton – méconnaissable en tout début de film – et d’Adèle Haenel en maîtresse d’école. Les rapports qu’entretient le personnage féminin du film avec les hommes sont troubles et sans doute malsains, mais représentent malheureusement une certaine réalité. La fin justifie les moyens, pourrait-on se dire, et les femmes utilisent la plus vieille arme du monde pour y parvenir : le sexe. Mais si l’on s’attarde plus profondément sur ce que ce personnage cherche, on se rend compte que le manque d’affection prend une place énorme dans le film.
Malgré des dialogues parfois pauvres et monotones, le réalisateur a préféré de longs silences – parfois gênants – sans musique ni artifice. S’il manque cruellement de sensualité entre Jalil Lespert et Adèle Haenel, on retrouve heureusement cela chez Solène Rigot et Adèle Exarchopoulos, efficaces à la limite du vulgaire et frôlant le négligé. Les actrices, incarnant parfaitement leurs rôles, nous amènent à prendre conscience des relations complexes entre homme et femme.
On pourrait se demander si Orpheline est une façon de dénoncer comment font les femmes pour survivre dans un univers où le sexisme existe encore ou si le film est une allégorie de la jeunesse perdue. Et si ce film manque de clarté, ce sont les actrices féminines qui permettent pourtant de s’y accrocher.