Orgueil, préjugés et zombies
de Burr Steers
Horreur, Action, Comédie
Avec Lily James, Sam Riley, Matt Smith, Bella Heathcote, Jack Huston
Sorti le 6 avril 2016
Adapté d’une réécriture parodique signée Seth Grahame-Smith, Orgueil, préjugés et zombies reprend scrupuleusement l’intrigue et les personnages du roman de Jane Austen en y insérant presque au forceps des morts-vivants et une guerre sans merci que se livrent les vivants – surentraînés aux arts martiaux – et ces zombies toujours doués de la parole et pouvant parfois passer inaperçus.
On retrouve donc la jeune Elizabeth Bennett, experte en toutes sortes de techniques de combat, que sa mère tente de marier au meilleur parti possible, tout comme ses quatre sœurs. Développant une relation d’amour-haine avec le taciturne Mr Darcy, tueur de zombies de son état, elle se fait courtiser par l’ennemi juré de celui-ci, le charmant mais mystérieux Mr Wickham. Alors que se noue ce triangle amoureux et d’autres intrigues sentimentalo-familiales, les morts-vivants prolifèrent et sont une menace constante.
Le « mash-up » Angleterre géorgienne/zombies/kung-fu est donc la « brillante » et principale idée de cette fausse parodie assez informe et pas vraiment drôle. Le film pourrait tendre à quelque chose de bien plus délirant s’il se laissait aller totalement à la comédie, mais il reste malheureusement cantonné à un premier degré probablement déjà présent dans le livre dont il est l’adaptation. C’est le comble pour un pastiche de se prendre au sérieux, mais c’est bel et bien ce qui arrive ici, faute sans doute à la volonté du film de toucher un public adolescent peu adepte du second degré et du pince-sans-rire.
Quelques scènes laissent imaginer ce qu’aurait pu être le film si son écriture avait été plus libérée et s’il avait été réalisé par un cinéaste plus intéressant que le faiseur Burr Steers – le projet avait notamment été proposé à David O. Russell et Matt Reeves. En témoigne une scène potentiellement d’anthologie dans laquelle un quiproquo amoureux se transforme en combat voltigeant et chorégraphique entre Elizabeth et Darcy. On voit que l’étincelle aurait pu prendre mais elle ne s’enflamme jamais.
Devant un résultat aussi plat, on ne peut que se poser la question de l’utilité de ce type de réécriture sans point de vue, sans humour, et qui semble n’exister que pour vulgariser des œuvres qu’une génération peut-être jugée peu apte à s’y intéresser ne serait pas à même de recevoir et de comprendre. Doit-on vraiment passer par ce processus de « décérébralisation » pour intéresser la jeunesse aux textes jugés trop anciens ou poussiéreux ? La question est posée…