De Philippe Beheydt, mise en scène d’Olivier Lenel, avec Laura Fautré et Emmanuel De Candido
Jusqu’au 20 avril au 6 mai 2017 au Théâtre des Riches Claires
Il faut saluer le metteur en scène, Olivier Lenel, pour son travail d’orfèvre. Au service d’un texte doux amer sur le couple et ses mille et une astuces pour ne jamais se comprendre, la mise en scène fait évoluer avec légèreté les deux personnages de saynètes en saynètes.
Une scénographie au millimètre près qui utilise astucieusement l’espace et le décor. Les déplacements et mouvements des personnages sont fluides et leurs lectures sont faciles. Le décor, quant à lui, fait pour la plus grande part de caisses noires figurant différents meubles dessinés en blanc sur elles, a été intelligemment pensé. Et permet de matérialiser chaque tranche de vie.
Conditions sine qua non lorsqu’on conte des histoires qui se chevauchent, se racontent à différents moments. A chaque âge, son lot de questions existentielles mais aussi son lot de gaucheries amoureuses et de reproches. Tout cela est enrobé dans un langage à la fois retenu comme deux jeunes gens qui se plaisent et se draguent et à la fois incisif et vexant comme deux quarantenaires qui en ont soupé l’un de l’autre sans pouvoir se quitter.
Le ton général est mordant et les saynètes, bien que quelques-unes soient un tantinet plus faibles et longues, sont savoureuses. Il faut souligner le jeu des acteurs (Laura Fautré et Emmanuel De Candido) et particulièrement celui de l’actrice qui nous offre un visage incroyablement expressif et qui fait vivre intensément les dialogues et même les silences. Elle attire le regard littéralement.
Notons quelques passages extrêmement efficaces et l’ambiance générale qui se révèle être très sensuelle. Que ça soit par le décor soigné et ingénieux, par la lumière parfaitement gérée, par la musique, bande son d’une vie totalement raccord avec ce qui nous est raconté ou encore par les textes et ces instants qui nous parle évidemment de violon et d’orgasme. D’ailleurs, cette scène qui donne son titre à la pièce est fabuleuse et presque…érotique.
En d’autres mots, Orgasme et violon est une pièce vraiment réussie. Et la salle hilare en est la meilleure des preuves.