Titre : Ô mes ami.es
Autrices : Marielle Macé
Editions : Bayard
Collection : Les petites conférences
Date de parution : 16 octobre 2024
Genre : Essai jeunesse
Marielle Macé, écrivaine et chercheuse au CNRS, parle de l’amitié dans cette conférence retranscrite pour une collection spéciale « Les petites conférences », adressée aux enfants (à partir de 10 ans). Elle multiplie donc les références culturelles et les définitions pour tenter de saisir cette drôle de relation qui peut s’établir entre deux êtres humains.
Il est compliqué de parler d’un sujet autant rebattu que l’amitié, encore plus actuellement, sujet qui préoccupait déjà les philosophes grecs, comme l’autrice le rappelle. Il est d’autant plus compliqué d’en parler à des enfants, sans pouvoir ainsi parler de la vision queer de l’amitié, qui vient brouiller les pistes avec la mise en couple et ce qui va avec : la sexualité, le désir, l’excitation. De cela, Macé ne parlera donc pas : de l’amour trouble que peut vivre l’amitié, sans se transformer pour autant en une passion morbide ou un passage à l’acte classique et imposé.
Marielle Macé aime les métaphores, tisser des liens entre les œuvres. Elle en embrasse tellement qu’elle ouvre d’ailleurs beaucoup de portes, laissées à l’état d’ouverture latente, respectant en cela son public qui doit encore vivre sa vie, ses douleurs et ses joies. Elle ne peut non plus pas trop s’appesantir sur la perte et le renouveau de l’amitié, ou sur les déceptions qui viennent avec le temps. Elle doit s’adapter à ces jeunes et leurs questionnements.
L’autrice parle de Sempé et Goscinny et de leur Nicolas. Lui et ses copains s’amusent dans le terrain vague, ce qui lui permet d’élaborer une rhétorique de la terre en friche comme lieu propice pour explorer, découvrir, ce qui vient nous ramener à nos propres souvenirs d’enfance, aux miens, et aux moments enchanteurs d’exploration de l’inconnu en compagnie d’autres enfants, des copains copines.
Ses références varient et vont du tout au tout, parlant d’un film de Abbas Kiarostami, Où est la maison de mon ami ? puis s’intéressant à la relation entre l’autrice Donna Haraway et sa chienne Cayenne Pepper, ce qui permet à Macé de développer son propre lien avec les oiseaux, un arbre de son enfance, les animaux. Peut-on être ami.e avec un élément naturel ? Mon chien est-il mon ami ? L’ouverture inter-espèce est intéressante à relever.
Ô mes ami.es ! se termine par une séance de questions réponses, entre les enfants et les adultes qui les accompagnent et Marielle Macé, qui ne prend jamais la pose condescendante de l’adulte qui saurait ou qui expliquerait la vie aux enfants, même si son vocabulaire ou sa manière de réfléchir fait transparaître son statut de chercheuse. Une question, posée par une adulte, permet d’ailleurs de faire le lien entre sa conférence et un livre de Geoffroy de Lagasnerie, Une aspiration au dehors, qui va beaucoup plus loin qu’elle dans son éloge de l’amitié, faisant exploser encore les derniers carcans dans lesquels on la rangeait jusqu’à présent.