Nous trois ou rien
de Kheiron
Comédie dramatique
Avec Kheiron, Leïla Bekhti, Gérard Darmon
Sorti le 30 décembre 2015
Hibat nait dans un petit village de la campagne iranienne. Le jeune homme, avide de savoir et de liberté, grandit dans un contexte politique où le shah d’Iran impose sa loi et se fiche éperdument des demandes de son peuple. Farouchement opposé au régime de Mohammad Reza Pahlavi, Hibat est arrêté et envoyé en prison lors d’un procès expéditif.
Alors qu’il purge sa peine, la révolution iranienne met un terme au despotisme de l’état impérial pour laisser la place à une république islamique. Les interdits imposés par ce nouveau gouvernement vont pousser Hibat à continuer la lutte… mais de l’étranger cette fois.
En nous relatant l’histoire de ses parents, le réalisateur Kheiron – humoriste de son état – a visé juste et bien. L’idée de croiser son histoire avec celle de la France est loin d’être dénuée de sens puisqu’il s’agit là d’une clé de compréhension de l’Histoire du XXème siècle, une révolution oubliée ayant une triste résonance aujourd’hui dans certains pays musulmans. Passée la logique du film apodictique, il fallait encore au néo-cinéaste un scénario bien construit et une réalisation soignée, ce qui dans l’ensemble est une promesse tenue.
La parti pris par Kheiron est assez simple : raconter son histoire dans l’Histoire, tout en y insérant de la légèreté et de l’humour. Une volonté de dédramatiser un récit qui ne l’est pas du tout pour lui donner une visibilité et offrir aux spectateurs un regard vierge et objectif. Cela donne un rendu frais et agréable de comédie dramatique. Les scènes s’enchainent de manière cohérente et l’humour disséminé ci et là dans les dialogues enlève un sourire compatissant sur les lèvres des cinéphiles.
Ne boudant pas notre plaisir de suivre ce que l’on pourrait appeler un conte-vérité, nous avons dès lors accepté le côté échevelé de certaines mises en situation, en particulier dans les cités HLM où le long métrage se perd quelque peu dans le cliché gentillet pour mieux le desservir.
Malgré tout, nous sommes restés sur notre faim quant à l’évocation du contexte politique de l’époque. De fait, Kheiron dépeint dans ce film une situation politico-polémique qui se transpose encore aujourd’hui à certains pays du Moyen-Orient et du Maghreb. Si l’on comprend l’envie de raconter une vie plutôt qu’un peuple, on ne peut rester aveugle devant la richesse historique et le potentiel narratif que nous toise vulgairement l’exposé de Kheiron.
Bref, Nous trois ou rien, c’est l’histoire d’une vie transposée telle une fable, poétiquement aérée par l’humour.