© Jean-Louis Fernandez
Texte et mise en scène de Fabrice Murgia avec Clara Bonnet, Nicolas Buysse, Anthony Foladore, Cécile Maidon, Magali Pinglaut, Ariane Rousseau
Du 7 octobre au 16 octobre 2014 à 20h00 au Théâtre National
Emportés par des acteurs de talent, Notre peur de n’être de Fabrice Murgia, nous offre une mise en scène très visuelle et grandiose, au Théâtre National qui lui sert d’écrin.
La scène se présente comme un damier qui permet de très belles illusions d’optique, avec un cadre lumineux qui entoure la scène, la faisant tantôt devenir écran avec projections d’images, tantôt amplification du cadre scénique mais qui reste toujours une fenêtre ouverte sur l’immensité de la peur des hommes de ne pas se réaliser, de ne rien devenir, de ne rien accomplir dans leur vie. A travers différents caractères bien circonscrits, on distingue toutes les angoisses qui naissent au creux du cœur pour un amour qui s’en va, un enfant devenu grand mais qui veut rester un enfant, une mère qui pense qu’elle a tout raté, une jeune femme qui veut absolument trouver du boulot et se tue au travail pour y parvenir, échangeant avec des consciences qui ne pratiquent pas la langue de bois.
Tous ses personnages qui semblent si éloignés au demeurant, sont en fait infiniment proches : chacun d’eux peut avoir été le passé de l’un ou pourrait devenir le futur de l’autre. On nous parle de la peur d’un monde qui change trop vite, si vite que l’on préfère s’en cacher en s’enfonçant dans un souvenir, en restant enfermé dans sa chambre devant son ordinateur, en se confinant dans la routine, en s’isolant dans le travail pour fuir cette désastreuse réalité. Et parce que rêver est tellement plus réconfortant…
Alors, on s’abandonne aux habitudes qui deviennent avec le temps de pesantes et lassantes solitudes. Mais en faisant cela, on finit par perdre de vue le plus important : vivre. Néanmoins pour vivre, il faut d’abord se comprendre. Se comprendre soi-même pour ensuite tenter de comprendre le monde. On a « peur de n’être » rien en regard des autres mais on a surtout « peur de naître » à soi-même, de se découvrir avec d’autres yeux et d’oser se faire confiance. Lorsqu’on a compris que le passé fait partie de nous mais que c’est du passé, que le futur n’est encore qu’une histoire à venir, on se rend compte d’instinct que c’est le présent qui importe et on apprécie la vie pour ce qu’elle est : une infinité de possibilités !
Une pièce complète et très réussie où se mêle modernité et sentiment, deux conceptions que l’on pense difficile à associer avec l’idée des rêves, de ceux qui font autant la fragilité que la force des hommes. A ne pas manquer !