Titre : Nos silences. Apprendre à les écouter
Auteur.ice : Laurence Joseph
Edition : Autrement
Date de parution : 05 mars 2025
Genre du livre : Psychologie
Laurence Joseph est l’autrice de Nos silences. Apprendre à les écouter. Elle est aussi psychologue clinicienne et psychanalyste. Elle s’intéresse aux silences et à ce qu’ils révèlent, autant à ce qu’ils disent car ce qu’ils ne disent pas. Son livre et sa démarche ne sont pas celles d’un dictionnaire du silence. Elle ne cherche pas à saisir cet espace-temps par tous ses bouts, juste d’apporter sa contribution en la matière.
Il est important, en se procurant ce livre, de prendre en compte le métier et l’approche de Laurence Joseph, car ce livre est l’aboutissement d’heures et d’heures passées à écouter des silences, des mots, dans un certain cadre précis, celui de la psychanalyse. Les silences dont elle parle, ce sont les silences qui révèlent des souffrances, des violences. Ce sont des victimes d’inceste ou de harcèlement. Des mutiques qui s’enferment. Le cri ne peut être qu’un corollaire de ces silences-là, un cri annonciateur ou celui qui vient déchirer enfin l’omerta. La psychologue revient aussi sur les mises en silence collectives, familiales, comme dans les organisations mafieuses.
Ceci étant posé, Laurence Joseph parvient avec cet ouvrage à créer une petite bulle de réflexion et de douceur autour d’un sujet peu commun : celui de l’absence. On lit ce livre qui aborde des points douloureux sans jamais être confronté directement à la violence. Si elle s’inspire sans doute de sa vie professionnelle, aucun nom n’est cité ou qu’aucune réflexion ne permet d’identifier qui que ce soit et ce n’est pas là le but. Il s’agit d’échanger, de digresser légèrement en compagnie d’autres autrices ou auteurs de livres : Anne Dufourmantelle, Roland Barthes (et son Fragments d’un discours amoureux), Triste Tigre de Neige Sinno, etc.
Si les références à Freud et Lacan peuvent faire peur, elles ne sont jamais écrasantes. On ne sent pas Laurence Joseph essayer de nous convaincre de quoi que ce soit, et surtout pas des bienfondés des psychothérapies. Il ne s’agit pas d’une méthode non plus ou d’outils pour réellement apprendre à écouter nos silences. On « analyse » plutôt, ou on passe en revue certains silences et ce qu’ils peuvent bien vouloir signifier.
Il faut donc bien saisir que nos silences ou les silences qui nous préoccupent ou parcourent nos vies ne seront peut-être pas passés sous la loupe de Laurence Joseph. Ainsi, elle ne s’intéresse pas vraiment au besoin de silence, ou à la méditation, à ces retraites qui permettent de vivre silencieusement pendant une dizaine de jours accompagnées de personnes. Quasiment rien n’est dit sur les silences qui habitent une relation qui se forme, se cherche, ou sur ceux qui durent, silences de malaise ou silences du « plus rien à dire » qui n’est pas forcément celui du « plus rien à se dire ». L’autrice entrouvre une porte, parcourt les quelques pièces dans lesquelles elle a l’habite de se loger et laisse la possibilité qu’on navigue par nos propres chemins vers d’autres silences, d’autres livres qui nous seront propres.