No Hard Feelings
de Gene Stupnitsky
Comédie
Avec Jennifer Lawrence, Andrew Barth Feldman, Laura Benanti
Sortie le 21 juin 2023
Maddie (Jennifer Lawrence), début de la trentaine, est endettée. Elle ne peut plus se permettre de vivre dans sa maison située à Long Island (New York), propriété héritée de sa mère décédée récemment. La région est prisée des « riches », les impôts ont triplé. Sa voiture lui est retirée, le temps d’éponger ses dettes. Chauffeuse Uber de profession, elle est dans le pétrin. Elle tombe alors sur une annonce : des parents cherchent une jeune femme pour déniaiser leur fils de 19 ans, Percy, futur étudiant de Princeton, vivant sa vie et sa sexualité seul dans sa chambre. En échange de cette mission, on lui offrira une voiture, ce qui lui permettrait de continuer à travailler et donc payer ce qu’elle doit.
Quand on va voir au cinéma No Hard Feelings, on sait dans quel genre on met les pieds : la comédie « trash » US. Maddie est engagée pour « dater » (baiser donc) un jeune homme coincé. Les parents sont du genre « problématique », à s’immiscer beaucoup trop dans la vie de leur enfant unique. D’après l’étude de son historique, l’intimité numérique du garçon n’ayant pas de secret pour eux, il ne serait pas gay : le porno qu’il regarde le prouverait presque. Difficile d’imaginer la production du même scénario avec Tom Holland dans le rôle-titre, ou pire, d’une fille à la place de Percy. Ici, on est là pour exposer Jennifer Lawrence, qu’on sait très talentueuse dans le registre comique, dans un rôle de femme fatale, fantasme d’adolescents pubères, en robe moulante ou sans vêtements (de toute façon, c’est peut-être le même public cible qui a déjà vu les photos volées de la star nue circulant sur le net).
Maddie tente donc de draguer Percy, un fils de (très) riche. De nouveau, on sait où l’on se trouve. C’est du cinéma, nous sommes dans le club des « 1% », et c’est assumé, jusqu’à un certain point du moins. Ne sachant pas toujours sur quel pied danser, le film tangue en effet entre la comédie trash et la dramédie, en étant ni vraiment hilarant ni vraiment émouvant. Si certaines scènes sont très drôles, mention spéciale à la soirée où la « mamie » Jennifer Lawrence débarque en plein « politiquement correct », le film essaie parfois de se faire plus intelligent qu’il n’est, sans explorer réellement la veine sociale du propos, certaines blagues tombant alors à plat.
Jennifer Lawrence et le consentement
No Hard Feelings fonctionne donc pour ce qu’il est, un déniaisage d’un beau jeune homme riche forcément hétérosexuel par une femme plus âgée, qui s’habille et s’apprête tout le long pour coucher avec (pour sa voiture). Après tout, il y a pire dans la vie, d’autant plus qu’il s’avère que malgré la différence de classe sociale et d’éducation, Maddie et Percy ont des choses à se dire l’un à l’autre, à défaut de ce qu’on appellera vraiment de la conversation. Malgré un rythme particulier et des idées scénaristiques attendues, on ne s’ennuie donc pas et on s’amuse même. C’est un film comique « trash » mais aussi le reflet d’une nouvelle ère, celle du « consentement », de la mise en doute d’insultes homophobes et de la valorisation de la parole des femmes sur celle des hommes (et de leur pénis triomphant). En sachant tout cela, on admire et prend du plaisir à voir Jennifer Lawrence prendre du plaisir, pendant que son personnage rame, en prend plein la gueule tout en rendant les coups, en tentant de provoquer une pauvre éjaculation forcée à ce brave garçon.