No Good Deed
de Sam Miller
Thriller
Avec Idris Elba, Taraji P. Henson, Leslie Bibb, Kate del Castillo, Henry Simmons
Sorti en DVD/Blu-Ray le 11 mars 2015
Elle n’aurait jamais dû laisser la porte entrouverte, Terri, cette jeune mère de famille qui attendait son amie Mel lors de cette soirée pluvieuse où son mari était parti. Elle n’aurait jamais dû la laisser ouverte car Colin s’y engouffre après s’être échappé d’un convoi spécial qui le ramenait à la prison, massacré son ex et échafaudé un plan pour se venger de l’avocate qui, on suppose, l’a mis sous les verrous : Terri, précisément.
Le pitch du film n’est pas bien original : un malfrat se glisse chez une jeune-femme et ses deux enfants pour la terroriser et la torturer. Ici, cet acte n’est pas perpétré par un psychopathe agissant par simple pulsion meurtrière mais par homme mu par un élan de vengeance. Le film ouvre pourtant les deux voies, celle du psychopathe qui tue par instinct et celle du repris de justice qui vient se venger. Mais le scénario privilégie la thèse du psychopathe et ne fait qu’esquisser les raisons pour lesquelles Colin s’en prend à Terri pour relayer les motivations narratives au second plan. Le scénario fait donc effet de prétexte à une série d’émotions fortes sans ni révolutionner le genre, ni tout à fait convaincre.
La réalisation est propre, hollywoodienne, et ne laisse aucun doute sur le fait que Sam Miller maîtrise sa caméra. Le problème, c’est que ces images n’ont pas vraiment d’âme et souffrent d’un montage qui n’arrive pas vraiment à transmettre un sentiment de suspense. Précisément, le film fait son timide et manque de coups, de sang, de cadavres, de quoi pimenter un peu le gros steak qu’il nous sert. Nous savons déjà où le scénario va nous mener avant d’avoir commencé et la réalisation n’est pas suffisamment forte que pour nous le faire oublier. Les acteurs également sont passables mais pas transcendants et n’arrivent pas à nous intéresser à leur histoire.
Mais là où le film est intéressant c’est dans sa dimension sociale d’empowerment. Là où on aurait attendu un personnage féminin classiquement soumis et dépendant d’un preux chevalier pour la sauver, Sam Miller nous donne Terri, une ancienne avocate qui, si elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, attend une bonne occasion de se reprendre en main et de casser la gueule à tout va. Contrairement aux autres personnages féminins du genre, elle a à son actif un passé de femme forte et indépendante enfermée dans un rôle qui n’est pas le sien : celui de mère au foyer. Et faut pas l’énerver parce qu’elle est prête à cogner.
L’arrivée de Colin va faire ressortir sa force et son indépendance : victime, elle redevient vite guerrière. C’est seule que la tigresse va se défendre, casser la figure à son assaillant et protéger ses enfants. Pas besoin de monsieur, parti faire du golf avec son paternel, pas besoin de la police qui traînasse, elle se débrouille pas mal toute seule. No Good Deed est donc également, et surtout, le récit d’une femme qui reprend le pouvoir et sort de l’ombre de son mari pour exister par elle-même, enfiler le pantalon et protéger sa tribu.
Dans son aspect anti-conte de fée, No Good Deed surprend et donne un souffle original au genre. Mais malheureusement, cette originalité de scénario n’arrive pas à relever complètement la platitude du film. No Good Deed n’est pas mauvais, mais il ne comblera pas votre soif de gore, de suspense et de frissons. Il aurait pourtant trouvé une place de choix au BIFFF qui sonne à notre porte… ou plutôt qui s’y engouffre à grand coups de hache.