De et avec Marie Bos, Estelle Franco et Francesco Italiano
Du 2 au 13 juin 2015 à 20h30 au Théâtre Océan Nord
Ca commence comme une interprétation de l’œuvre du maître – Les trois sœurs d’Anton Tchekhov – une adaptation théâtrale un peu farfelue qui jongle sur la narration initiale. Puis, progressivement, la tendance bascule sur le plateau et des insertions audacieuses se glissent ça et là. Autour des trois comédiens, un panel de personnages qu’ils s’amusent à articuler à mesure du message. On comprend alors qu’il y a, derrière la démarche, une envie de rendre hommage au talent d’écriture des plus grands, à la valeur intellectuelle des mots et de ce qu’ils incarnent.
A côté de cela, en parallèle de l’envie de s’approprier l’œuvre première, les artistes intègrent des sorties de parcours : loufoques et impertinentes, elles sont autant de moyens de faire le focal sur la condition de l’art et de son expression. Ces détours d’itinéraire pourraient déstabiliser le spectateur puriste mais, dans le cas contraire, c’est un vent de fraîcheur qui se distille à travers ces parenthèses.
C’est donc le champ de l’exubérance qui est ici exploité dans Nasha Moskva : une extravagance bien menée et intelligente, cadrée par des comédiens qui se donnent les moyens de surprendre. La coloration de cette création originale se veut assumée et audacieuse mais petit bémol : avec près de deux heures de spectacle, on a un peu l’impression que ça traîne et on le regrette car le rythme reste parfait jusque là.
Autre élément à souligner : la mise en scène adaptée à la salle du haut du Théâtre Océan Nord au sein duquel l’habitué reconnaitra la touche indéfinissable : entre lumière naturelle et minces artifices, Nasha Moskva voit évoluer son histoire au rythme du cycle du soleil. Et cela diffuse une atmosphère toute particulière qui n’enlève rien au charme incertain de cette aventure russe à la sauce multi-facettes. Un spectacle qui vaut le détour et qui mérite que l’on s’y attarde, ne serait-ce que pour l’amour du risque.