My Favourite Cake
Réalisateur-trice : Maryam Moghadam, Behtash Sanaeeha
Genre : Comédie dramatique, Drame, Romance
Acteurs et actrices : Lili Farhadpour, Esmaeel Mehrabi, Mansoore Ilkhani
Nationalité : Iran, France, Suède, Allemagne
Date de sortie : 29 janvier 2025
Présenté à la Berlinale 2024, ce film, réalisé par les cinéastes iraniens Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha, s’inscrit dans un climat de protestation générale contre le régime de la République islamique. Le message de résistance prend une signification encore plus forte à la lumière de l’absence forcée des deux auteurs à leur propre première, en raison de l’interdiction imposée par le gouvernement iranien.
L’intrigue, simple mais riche en nuances, suit Mahin, une femme septuagénaire vivant à Téhéran. Veuve et avec des enfants désormais éloignés, l’héroïne passe ses journées à s’occuper du jardin, à effectuer de petites courses quotidiennes, à regarder des télénovelas, à téléphoner à ses enfants et à organiser de temps en temps des déjeuners avec ses amies.
Malgré sa timidité initiale, Mahin trouve le courage de faire le premier pas avec Faramarz, un homme distingué de son âge qui travaille comme chauffeur de taxi. Après une rencontre fortuite, Mahin l’invite à dîner avec une grande simplicité. La soirée se déroule entre tendresse et moments drôles, tandis que les deux personnages échangent des souvenirs d’un passé qui reflète les transformations radicales du pays. Mahin se remémore l’époque où elle n’était pas obligée de porter le voile et chantait les chansons d’Al Bano et Romina, tandis que Faramarz évoque son service militaire pendant la révolution et la guerre contre l’Irak.
Bien que profondément enraciné dans un contexte culturel spécifique, où l’ombre du régime se manifeste dans la dureté de la police des mœurs et l’opportunisme de ceux qui cherchent à gravir les échelons du pouvoir local, le film aborde avec une délicatesse remarquable des thèmes universels. Parmi eux, la possibilité de redécouvrir l’amour à un âge avancé, défiant les préjugés communs liés à la vieillesse. En outre, le film s’interroge également sur l’impact des nouvelles technologies et des applications de rencontre sur les relations humaines, offrant une narration intime et profondément actuelle, et apportant une réponse aussi banale qu’humaine : ce qui nous effraie, ce n’est pas tant la mort que la solitude.
La force de ce film réside dans sa capacité à aborder de grandes questions avec ironie, en transgressant à plusieurs niveaux : du regard intime porté sur une femme âgée qui s’accroche à l’espoir de partager son dessert préféré avec un nouvel amour, au défi social d’une femme qui, apparaissant une grande partie du film sans voile, prend sa vie en main. Forte de son expérience, Mahin transgresse davantage dans son quotidien, offrant un verre de vin interdit à son prétendant et écoutant de la musique à plein volume la nuit avec un homme à ses côtés.
Avec une comédie au goût prononcé, les deux réalisateurs ont su montrer à quel point l’amour peut encore représenter une force subversive dans un présent où l’amertume de la répression et du conformisme cherche à dominer.