Scénario et dessin : Giorgia Marras
Editions : Steinkis
Sortie : 25 mai 2016
Genre : roman graphique
Figure emblématique de l’expressionnisme, le peintre Edvard Munch est passé à la postérité grâce à son célèbre tableau « Le Cri » dont il existe cinq versions, symbolisant l’homme moderne emporté par une crise d’angoisse existentielle.
L’ouvrage « Munch avant Munch » signé par la jeune Giorgia Marras se donne pour objectif de nous faire entendre la voix secrète du peintre norvégien à ses débuts. Eduqué dans une famille puritaine aux côtés d’un père médecin protestant qui voit d’un mauvais œil l’abandon de ses études à l’école d’ingénieur au profit d’une formation à l’Académie des beaux-arts, Edvard Munch tente comme il peut de sortir de son milieu cadenassé.
Marqué très jeune par les brûlures de son histoire familiale – sa mère et sa sœur sont mortes de la tuberculose – Edvard est hanté par la maladie et par la mort. Doté d’une faible constitution (il porte également en lui les germes de la tuberculose), le jeune artiste est fortement atteint de mélancolie. Pour soigner son âme tourmentée, il se plonge dans les nuits de bohème et entretient une relation adultère clandestine avec Milly. Après un rapide passage à Paris à la Belle Epoque lors duquel il se crispe face à l’irrépressible joie de vivre de la ville, il part pour Berlin où son exposition est décriée puis annulée. Gagné par les côtés obscurs de la vie, l’artiste norvégien entre, durant cette période, dans un bouillonnement créatif.
Pour son premier roman graphique, l’architecte Giorgia Marras livre un travail soigné et subtil. La qualité graphique doit beaucoup à son joli coup de crayon au trait charbonneux et à la stylisation des décors. Le livre est parsemé de cases sur fond bleu qui font écho à l’intériorité et aux souvenirs du peintre. L’auteure italienne a opté pour une narration linéaire qui livre les moments clés de la genèse de l’artiste du Nord. Malgré un début très prometteur, on regrettera cependant la présence de dessins trop figés qui ne parviennent pas vraiment à recréer le paysage mental de Munch.