De Stephen Temperley
Mise en scène d’Emmanuel Dell’Erba
Avec Achille Ridolfi et Julie Duroisin
Du 5 décembre au 11 janvier 2025
Au Théâtre de la Toison d’Or (TTO)
Sur les planches du Théâtre de la Toison d’Or (TTO), Julie Duroisin incarne Florence Foster Jenkins, une riche héritière américaine des années 30 à New York, devenue célèbre pour ses interprétations désastreuses des plus grands airs d’opéra. Cette pièce raconte avant tout l’histoire d’un rêve presque trop fou et d’une amitié qui se noue en pleine lumière.
Cosme McCoon est un pianiste du genre ambitieux, il a une passion absolue pour le jazz et espère que la bonne fortune lui sourira un jour. Il n’aurait cependant jamais imaginé que la providence s’incarnerait dans un personnage aussi fantasque que Mrs Jenkins… mais qu’importe… elle requiert son assistance pour monter un récital au Ritz. Il accepte, conscient que refuser une telle chance serait suicidaire pour sa carrière. Toutefois, sa bienfaitrice a une particularité qui lui fait grincer les dents : elle chante totalement faux et ne s’en rend absolument pas compte.
Pas pour tout l’or du monde
Dans cette pièce de Stephen Temberley, le comique de situation règne en maître. Le public rit aux éclats devant ce pianiste tiraillé entre compassion et exaspération face à l’exubérance presque enfantine de cette cantatrice aux mille fausses notes. Mrs Jenkins, animée par le rêve de briller sous les projecteurs et de chanter avec passion les plus beaux airs d’opéra, trouve en Cosme McCoon un accompagnateur compétent et indispensable.
Pour McCoon, le récital au Ritz devait être une prestation unique, un moyen facile de gagner un cachet conséquent. Cependant, la foule, séduite, réclame à grands cris de nouvelles représentations. D’abord poussé par l’ambition, McCoon, qui aurait voulu fuir à maintes reprises, ressent peu à peu une transformation intérieure au fil des spectacles. La naissance d’un sentiment précieux…
La délicatesse des sentiments
La richesse des mises en scène d’Emmanuel Dell’Erba réside dans sa capacité à susciter un rire qui se muent instantanément en affection pour les personnages. La pièce est imprégnée d’empathie et de bienveillance, portée par les performances sincères et authentiques d’Achille Ridolfi et Julie Duroisin. Leur jeu, empreint de douceur et de beauté, se déploie dans une scénographie éthérée, faite de drapés et d’ombres, tel un refuge pour celle qui croyait si fort en son talent et qui a été si moquée de son vivant.
À mesure que la compassion envahit le cœur de Cosme McCoon, le nôtre s’en trouve également gonflé. Quand c’est le respect qui transparait dans son regard, le nôtre change. Et lorsque que c’est la tendresse de l’amitié qui éclot, la nôtre ne fait plus aucun doute.
Mrs Jenkins et son pianiste parlent de ces gens presque trop singuliers pour appartenir à ce monde. Si notre cantatrice n’a pas été une étoile montante de l’opéra, elle a traversé la vie telle une comète dans un ciel sombre : lumineuse, rare et unique. Une pièce à voir d’urgence pour rire avec un cœur empli de tendresse.