auteur : Kyril Bonfiglioli
édition : Le Masque
sortie : Janvier 2015
genre : roman
Même en vivant dans une grotte, on n’a pas pu passer à côté de l’affiche du film « Charlie Mortdecai », sur laquelle un Johnny Depp condescendant et méprisant à souhait se prélassant avec sa gentille femme derrière lui. Le tout sur une ambiance feutrée.
Dès les premières pages, Charlie Mortdecai est horripilant et agaçant. Riche et conscient de son statut, il considère les autres en fonction de leur niveau de vie et de ce qu’ils pourraient lui apporter. Marchand d’art, il a le nez pour dénicher les bonnes affaires et réussit des coups de maître en la matière. Jusqu’à ce qu’il tombe sur une affaire pas très nette qui l’enfonce jusqu’au cou dans les ennuis.
Voici comment Mortdecai se présente au lecteur: « Je suis dans la fleur de l’âge (si cela a un sens pour vous), de taille moyenne ou presque, d’un poids tristement supérieur à la normale, et me félicite d’avoir gardé quelques traces d’un physique remarquablement avantageux. (Parfois, sous un éclairage tamisé et à condition de rentrer le ventre, je pourrais presque avoir un faible pour moi -même.) » Un portrait qui en dit long sur le personnage imbu de lui-même à qui on aura à faire lors des trois tomes de cette trilogie. Agaçant, oui, mais surtout attachant et on se retrouve à souhaiter qu’il ait gain de cause, même si c’est pas très honnête ou juste, la mortdecai-mania a frappé!
L’écriture de Kyril Bonfiglioli est claire et fluide. Il se crée un jeu entre Mortdecai et le lecteur, directement immiscés dans la tête du célèbre marchand. Dès les premières pages, on ne peut que rigoler de l’exaspérant Mortdecai et de ses réflexions sans gêne. L’écriture de l’auteur est dynamique et rebondissante ce qui permet une lecture sans accrocs et agréable.
En définitive, même si l’adaptation cinématographique n’a pas soulevé l’unanimité, elle aura au moins le mérite d’avoir permis la réédition de cette trilogie des années septante, petit bijou d’humour et d’ironie.