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    La Mondaine vol. 2 : Sensualité sous occupation

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    scénario : Zidrou
    dessin : Jordi Lafebre
    éditions : Dargaud
    sortie : août 2014
    genre : Polar, guerre

    Après un premier opus prometteur, Zidrou et Lafebre signent la suite et fin du diptyque La Mondaine paru chez Dargaud. C’est dans le Paris occupé de 1942 que l’on retrouve cette fois l’inspecteur Aimé Louzeau. Plus sombre, plus violent, le policier de la brigade des mœurs semble avoir changé avec son époque. Étranglé entre tragédie historique, familiale et sentimentale, il conduit le lecteur au fil de ses souvenirs sur la voie cruelle et complexe des « gentils méchants ».

    Retour sous les bombes, les premières planches de ce second volume de La Mondaine nous ramènent dans l’abri souterrain où l’inspecteur Louzeau égrène ses souvenirs en sirotant un peu de champagne chaud que lui offre un officier allemand. Nous l’avions connu jeune bleu faisant ses premiers pas dans les bordels comme inspecteur et comme client. Cinq années de guerre sont passées, l’homme a changé.

    S’il a gagné le respect et l’amitié de ses collègues, l’ambiance de la brigade n’est plus la même. Contraint à la collaboration, chacun est sans cesse obligé de se choisir dans une drôle de liberté, traître ou héros. Louzeau, qui balance sans cesse entre le flic fidèle aux ordres, qu’il est, et le chef indien, qu’il aurait rêvé d’être, va précisément tomber dans le milieu, chez les « gentils méchants ».

    Maladroit, un peu naïf, l’inspecteur confond sexe et sentiment, plaisir et engagement. Il offre le mariage à sa première amante, qui s’y refuse. Blessé, on le découvre dur, égoïste, et même impitoyable. Refusant de sauver celle qui l’a éconduit et prêt à jouer des sentiments de celle qui l’aime en sens unique. Face à l’effondrement de sa famille, déchirée par ses propres démons, il semble vouloir trouver refuge dans une existence bien rangée. Cependant, Eeva, la danseuse exotique dont il a perdu la trace, le hante toujours. Lui est contenu et indécis. Elle, sensuelle et entière, semble détenir le secret d’une liberté par-delà les convenances.

    C’est l’une des forces de l’écriture de Zidrou, s’en tenir au gris des compromissions individuelles, pour dévoiler l’entrelacement de la petite et de la grande histoire. Son regard passe d’abord par le petit bout de la lorgnette, jusqu’au cœur de Louzeau dont l’évolution est le véritable sujet. La grande Histoire revient par instant au premier plan, notamment lors de la rafle du Vel’ d’Hiv’. Un épisode remarquablement décrit par le couple Lavebre / Zidrou, en six planches à peine, sobres, saisissantes. Ce choix de présenter la guerre par l’intimité de personnages n’ayant jamais le grand rôle, jumelé à cette volonté de ne pas épargner leurs contradictions, permet au scénario d’éviter les clichés habituels sur l’occupation. Sans être véritablement historique, le récit sonne juste. En se tournant résolument vers le drame, Zidrou trouve la cohérence et la profondeur qui faisaient parfois défaut au premier volume.

    Le dessin de Jordi Lavebre fonctionne parfaitement avec les nuances du récit. La violence des émotions contenues, des désirs étouffés se lit sur les visages. La colorisation est superbe, variée, elle résonne avec l’esthétique des années 40. Comme pour Zidrou, le drame lui va bien.

    Si le premier album, très introductif, présentait quelques faiblesses pour un grand nombre de bonnes promesses, on peut dire que ce second tome les révèle pleinement. Il est donc conseillé de lire La Mondaine d’une seule traite.

    (Cliquez ici pour découvrir la critique du premier tome)

    Alexis Hotton
    Alexis Hotton
    Journaliste du Suricate Magazine

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