D’après Luigi Pirandello. Traduction Jean-Loup Rivière et Ginette Herry. Mise en scène et adaptation Jean-Claude Berutti. Avec la collaboration de Alix Fournier-Pittagula. Avec Christian Crahay (en alternance avec Lotfi Yahya du 17/01 au 28/01), Nicole Oliver, Jean-Claude Berutti, et Axel de Booseré (en alternance avec Christian Crahay du 21/02 au 04/03. Lotfi Yahya reprend le rôle du client dans « L’homme à la fleur dans la bouche » entre le 21/02 et le 04/03.
Jean-Claude Berutti s’attaque dans cette pièce (Moi Pirandello), comme on s’en doute, à Luigi Pirandello, grand auteur italien, prix Nobel de la littérature en 1934. Pour pouvoir parler du romancier, nouvelliste et dramaturge italien, Berutti prend le pari de compiler en 4 segments, différents textes de Pirandello abordant les thèmes de l’amour, désamour, jalousie, puissance de l’imagination, … On y retrouve Je rêve, mais peut-être pas, où les personnages voguent entre rêve et réalité, sur la tension et la jalousie entre amant, sa maîtresse et un peut-être autre amant. L’introduction et les deux segments centraux puisent des extraits dans Ce soir on improvise : sorte de théâtre dans le théâtre où le metteur en scène cherche l’improvisation, où les acteurs se rebellent, etc. Le tout sur fond, encore, de jalousie (la femme de Pirandello était folle et fut internée après 17 ans auprès de son mari). Et enfin, 4ème et dernier segment : La fleur à la bouche (nom commun de l’épithélioma) où deux hommes se retrouvent la nuit dans un café de gare. L’un a raté son train, l’autre monologue sur ses sensations alors qu’il sait qu’il va bientôt mourir.
Pour prouver son amour de ces différents textes, Berti est prêt à tout ! Mais si l’interprétation des textes est souvent une réussite, les moyens mis en œuvre pour y arriver ont tendance à ne pas fonctionner. Exemples. L’acteur principal, interprétant le metteur en scène de la pièce dans la première moitié du spectacle, brise constamment le quatrième mur sans jamais convaincre, le public ressentant à chaque fois le malaise, ne comprenant pas si il doit réagir ou même parfois si il doit applaudir. La deuxième méthode utilisée et de varier les plaisirs : cinéma et marionnettes. Tout d’abord, l’utilisation du cinéma peut sembler une bonne idée. Mais laisser une grande salle vide avec au milieu un écran diffusant 15 minutes de scènes filmées interpelle : son utilisation est-elle nécessaire ? En tout cas, elle coupe totalement l’intensité de la pièce. L’incursion de marionnettes pendant la diffusion du court-métrage n’est pas non plus une grande réussite. Leur entrée en scène est totalement ratée (elle gène trop la vision du film) et n’apporte finalement rien du tout à l’histoire.
Au final, la dernière partie est la plus grande surprise du projet. Cette terrasse embrumée de café de la gare laisse la place à un texte magnifique, permet au spectateur de découvrir la présence et le talent de Lotfi Yahya et de terminer sur un final émouvant. Malheureusement, cette belle réussite arrive trop tard dans la pièce.