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    Mobile Homes, Sisyphe en caravane

    Mobile Homes

    de Vladimir de Fontenay

    Drame

    Avec Imogen Poots, Callum Turner, Callum Keith Rennie

    Sorti le 18 avril 2018

    Vivant de magouille et de petits larcins, Ali (Imogen Poots) et Evan (Callum Turner) sillonnent les routes d’Amérique, accompagnés de Bone (Frank Oulton), le fils d’Ali, qu’ils entraînent dans leurs combines. Entre sa volonté d’assurer son rôle de mère et son incapacité à offrir à Bone une stabilité, Ali cherchera une façon de concilier le bien-être de son fils avec son envie d’évasion.

    Ali s’est enfoncée, avec Evan dans une relation abusive dans laquelle ce dernier semble se servir d’elle et de son fils Bone pour mener ses délits sans hésiter à les abandonner sur place lorsque les choses tournent mal. Si le couple mènera une relation physique passionnée, Ali apparaîtra comme prisonnière d’une dynamique condamnée à l’échec. La fuite s’avèrera alors rapidement être la seule solution envisageable. Mais comme Sisyphe roulant sa pierre, quelque chose la ramènera vers Evan.

    Dans cette logique d’éternel recommencement, la musique du film comportera le titre « I’d rather go blind » d’Etta James en guise de leitmotiv musical, comme une façon de marquer leur attraction nocive dans l’espace sonore.

    Au cours d’une de ses tentatives visant à s’émanciper d’Evan, Ali rencontrera Robert (Callum Keith Rennie), transporteur de maisons mobiles qui lui apportera une forme de sérénité et permettra à Bone de s’épanouir comme un enfant de son âge. La relation qu’Ali entretiendra avec Robert sera à l’opposé de celle avec Evan : calme, posée, respectueuse. Si, avec Evan, Ali s’enfonçait dans une passion destructrice, Robert lui permettra de prendre du recul et de prendre le temps de mener une existence saine et normalisée.

    Dans cette dynamique, la caméra suivra le déroulement de l’intrigue. D’abord composée de prises de vue en caméra à l’épaule durant les phases avec Evan, l’image fera place à des plans fixes durant l’échappée d’Ali auprès de Robert, comme une façon de marquer l’apaisement. Mais ce calme apportera d’autres tempêtes et l’on se demandera au final si Ali est bien la prisonnière que l’on croit ou si elle ne serait pas tout simplement son propre ennemi.

    Si Mobile Homes offre une progression lente et pourrait donner l’impression au spectateur d’être face à un énième film social, l’intrigue évoluera rapidement pour se densifier et offrir une dimension supplémentaire au film, remplie de symboles forts. À cet égard, la fin du long-métrage sera réalisée tout en subtilité, porteuse d’un symbolisme fort et particulièrement touchant, comme une photographie arrêtée sur l’avenir. Réellement, il s’agit là d’une très belle surprise s’apparentant à une bouffée d’air frais dans le cinéma social.

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