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    Mistero Buffo au Théâtre Poème

    De Dario Fo et Franca Rame, mise en scène de Françoise Bloch, avec Olindo Bolzan

    Du 12 au 22 mars 2015 à 20h30 au Théâtre Poème

    Voici ce qui reste sans doute le spectacle le plus important de Dario Fo, que ce soit par l’idée de ce qu’il représente du théâtre, l’évolution qu’il marque dans l’histoire de la compagnie et par la renommée qu’il a conféré à cette dernière.

    « La bourgeoisie acceptait que nous la critiquions, même de manière violente, à travers la satire et le grotesque mais à condition que ce soit à l’intérieur de ses structures. De la même façon, le bouffon du roi peut se permettre de dire les choses les plus lourdes sur ce roi s’il le fait à la Cour parmi les courtisans qui rient, applaudissent et disent : mais regardez comme ce roi est démocratique ! »

    Après des débuts marqués par le succès, le couple Dario Fo et Franca Rame va petit à petit quitter la farce et le théâtre bourgeois pour s’attaquer à des thématiques politiques. Ils nomment alors leur compagnie la NUOVA SCENA, qui a pour mission de sortir des théâtres et d’aller à la rencontre du peuple, dans un langage qui lui est proche. Mistero Buffo est représentative en cela qu’elle n’est pas dans un langage fixé. Dans ce spectacle, Dario Fo utilisait un mélange de divers patois italiens, du « gramelot » un non-langage fait de sons divers sans aucun sens, mais qui, mis bout à bout, semblent en avoir un.

    Le texte de Mistero Buffo n’étant pas fixe, l’important est avant tout le personnage du conteur, aux visages multiples. Et c’est bien cela que l’acteur Olindo Bolzan s’engage à retranscrire à travers trois histoires : « Le Sacrifice d’Isaac », « La Naissance du vilain » et « La Naissance du jongleur ». Dans un seul en scène plein d’énergie et de folie, il est le jongleur des places publiques au Moyen-Âge, le fou du village qui peut se permettre toutes les affabulations, l’ivrogne au langage vulgaire. Il nous raconte l’Histoire, la Bible, et les puissants, mais à la manière de Dario Fo, démystifiant l’histoire officielle pour dénoncer et rendre l’accusation audible de tous.

    Du côté de la mise en scène, Francoise Bloch fait le choix du « tout pour le récit » en dirigeant le comédien sur un plateau vide, entourés de murs dénudés, laissant toute l’attention des spectateurs se fixer sur le personnage central de chaque histoire.

    Un bon moment pour découvrir Dario Fo, dans le spectacle qui marque le tournant de la compagnie vers le collectif La Comune, dans lequel il feront alors des oeuvres militantes.

    Baptiste Rol
    Baptiste Rol
    Journaliste du Suricate Magazine

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