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    « Miss Mackenzie », roman british sans envergure

    Titre : Miss Mackenzie
    Auteur : Anthony Trollope
    Editions : Autrement
    Date de parution : 27 octobre 2021
    Genre : Roman

    Ecrivain prolifique du XIXème siècle, Anthony Trollope fait l’objet d’un regain d’intérêt de la part du public et de la critique depuis quelques décennies. Surtout connu pour ses séries de romans comme Chronicles of Barsetshire et Palliser novels, il a aussi écrit dans romans simples, dont le très moyen Miss Mackenzie.

    « Miss » Mackenzie, restée vieille fille, n’ayant connu qu’une existence effacée au chevet de son frère malade, hérite de façon inattendue d’une grande fortune à la mort de ce dernier. Âgée de 35 ans, Margaret Mackenzie saisi alors l’opportunité de s’essayer à la société en s’installant dans la petite station balnéaire de Littlebath. Sa nouvelle existence l’amène à s’interroger sur les conventions sociales, tandis que son nouveau statut attise autant de convoitises familiales que de prétendants plus ou moins sincères : Mr Rubb, commerçant en toilé ciré et associé de son autre frère, Maguire le vicaire du curé de Littlebath ou encore son cousin déshérité John Ball.

    Que ce soit par la description de la « gentry » (statut social entre la noblesse et la bourgeoisie en Angleterre), les portraits de personnages empreints de sarcasme ou encore l’indissociabilité des questions d’amour et d’argent, Miss Mackenzie ne peut que rappeler Jane Austen. Anthony Trollope, qui écrit environ un demi-siècle après sa consœur était d’ailleurs très élogieux à son propos : « Miss Austen was surely a great novelist. What she did, she did perfectly. Her work, as far as it goes, is faultless. » (« Mademoiselle Austen était certainement une grande romancière. Ce qu’elle a fait, elle l’a fait parfaitement. Son travail, dans une certaine mesure, est sans défaut »). Malheureusement Trollope ne ressort pas avantagé de la comparaison avec Austen car, du moins dans ce roman, il n’atteint pas la même finesse que la romancière, que ce soit dans les descriptions ou dans le rythme de de l’histoire.

    Miss Mackenzie a cependant des qualités. L’histoire a lieu au sein d’une petite société anglaise qui, bien qu’elle ait ses problèmes, semble épargnée par de véritables drames. L’action, modérée, est à chercher dans l’évolution des relations sociales, l’arrivée impromptue de visiteurs et des échanges oraux et manuscrits où l’amabilité ne va pas sans jugements et sans méprises. Tout cela convie pour le lecteur francophone à un univers très british, charmant, reposant et divertissant.

    Par ailleurs, Trollope approche ses personnages avec beaucoup d’humanité. Les protagonistes que le lecteur est censé appréciés sont présentés avec des défauts ou quelque caractéristiques peu flatteuses sur lesquels le narrateur n’hésite pas à gentiment ironiser ; et à l’inverse, ce même narrateur ne manque pas de nous rappeler les motivations, malvenues et pourtant sincères, d’autres personnages moins sympathiques. Tout cela participe à décrire les (petits) travers de la société victorienne et à tourner en ridicule les hommes de foi.

    Mais le charme se rompt à mesure que défilent les 500 pages du roman : des rebondissements et malentendus inutiles amènent le lecteur à se désintéresser des problèmes des personnages ; des scènes et des conversations se répètent sans réellement nourrir l’histoire ; des malentendus durent trop longtemps et certaines métaphores sont utilisées jusqu’à l’écœurement.

    Enfin, même si la quatrième de couverture présente Miss Mackenzie comme  « une satire discrètement féministe », on réalise rapidement que le progressisme du roman est somme toute limité. L’ordre social et patriarcal est tout au plus égratigné avant d’être rétabli.

    Ainsi, si Miss Mackenzie en séduira certains par son charme british, il n’en reste pas moins un roman très moyen, qui ne compte d’ailleurs pas parmi les écrits les plus reconnus d’Anthony Trollope.

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