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    Le Misanthrope dépoussiéré par la génération 2.0

    De Molière, mise en scène de Dominique Serron, avec Laure Voglaire, Alexia Depicker, Patrick Brüll ou Laurent Capelluto, François Langlois et Vincent Huertas. Du 27/09 au 14/10/2017 au Studio Thor et du 17/10 au 27/10 à l’Atelier Théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve.

    Le Misanthrope, c’est Alceste. Homme dénué de toute indulgence qui n’a de cesse de vociférer contre la société du paraître et l’hypocrisie ambiante. En face, divers personnages lui donne la réplique : Philinte, l’ami qui tente de le convaincre de se soumettre aux règles de la bienséance ; Célimène, la femme aux moeurs discutables dont le coeur d’Alceste est épris ; et Oronte, l’amant présumé de Célimène.

    L’exercice d’équilibriste auquel s’essaye la troupe de l’Infini Théâtre au travers ce spectacle est de transposer l’oeuvre plusieurs fois centenaires dans notre paysage culturel. L’idée est d’utiliser nos codes et nos référents actuels pour nous la rendre à nouveau accessible et signifiante, sans la dénaturer.

    Caractéristiques de notre époque, les réseaux sociaux sont habilement utilisés pour tisser des liens dynamiques entre les scènes et appuyer le caractère des personnages. Ils sont matérialisés par une projection au centre de l’espace scénique, faisant défiler selfies, posts, vidéos instantanées… Le pari est osé, mais cela fonctionne plutôt bien et le fil narratif de l’histoire du Misanthrope s’enroule sans trop de difficulté autour de cet univers virtuel.

    Célimène, personnage arrogant qui jouit du jeu mondain dans l’oeuvre du XVIIème siècle, réussit sa reconversion et acquiert un statut de blogueuse insatiable, reine du shopping et accro aux selfies dont la popularité évidente se mesure au nombre de « Likes » récoltés. Cependant, face à elle, Alceste accuse un certain manque de charisme et a du mal à convaincre. Bien que franchement rétrograde, il semble n’appartenir à aucune époque.

    Si la narration ne se heurte à aucune dissonance, l’adaptation contemporaine s’accommode cependant assez mal de la verve de Molière qui impose aux acteurs de placer plusieurs vers dans un même mouvement d’humeur. Malgré leur belle énergie et leur diction impeccable, le texte original, éclatant par sa rythmique et sa musicalité, se retrouve étriqué dans l’espace trop étroit que prendraient des dialogues actuels. Résultat : le rythme est trop soutenu et la moitié des répliques se dérobent à l’oreille du spectateur attentif.

    Le Misanthrope, c’est avant toute chose une comédie de la parole, écrite en alexandrins. Lancer le texte à toute allure ne semble pas être le meilleur moyen de le sublimer, ni le meilleur hommage à lui rendre.

     

    Katelyne Marion
    Katelyne Marion
    Journaliste au Suricate Magazine

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