Minari
de Lee Isaac Chung
Drame
Avec Steven Yeun, Han Ye-ri, Alan S. Kim, Noel Kate Cho, Youn Yuh-jung, Will Patton
Sorti le 30 juin 2021
Dans les années 80, les Yi, une famille américaine d’origine coréenne, s’installe dans l’Arkansas où le père, Jacob, veut développer une activité de fermier. Tandis que sa femme Monica et lui travaillent comme sexeurs de poussins dans un élevage, leur jeune fils David a du mal à s’acclimater à cette nouvelle vie, lui qui doit aussi composer avec une maladie du cœur et avec la présence jugée envahissante d’une grand-mère coréenne qu’il ne connaissait pas avant.
Minari de Lee Isaac Chung nous arrive aujourd’hui en salles après avoir acquis une sorte d’aura très positive, au point même que l’on a l’impression de l’avoir vu avant même la projection. D’une part parce que le film a traîné sur les étagères (et sous le manteau sur internet) durant les périodes de confinement, puis parce qu’il est passé par les cases Golden Globes et Oscars avant même d’avoir pu être – officiellement – vu par un grand public, ce qui est d’ailleurs le cas de beaucoup de films cette année. De plus, le film bénéficie d’une « hype » en cours et légèrement boursouflée du cinéma coréen suite à la palme d’or remise il y a deux ans au Parasite de Bong Joon-ho. Alors que, rappelons-le, Minari est un film américain, à bien des niveaux d’ailleurs.
En général, ce type de configuration, d’un film débarquant avec un tel passif, créant forcément un a priori favorable chez une grande partie des cinéphiles, amène irrémédiablement à une déception ou à une indifférence polie. Et c’est malheureusement ce qui se produit avec ce Minari, mélodrame naturaliste à l’exécution classique et au déroulé convenu, dont on ne peut dénier la sincérité de la démarche – le scénario est en partie d’inspiration autobiographique – mais qui ne peut potentiellement intéresser et captiver ses spectateurs que pour des raisons idosyncratiques ou identificatoires, en dehors de toute émotion intrinsèquement cinématographique.
Reste malgré tout une belle idée, celle de ce « minari » évoqué par le titre, une plante rampante qui pullule une fois plantée sur un terrain fertile et dont les vertus sont multiples voire inépuisables. Le lien qui est établi entre la figure symbolique et métaphysique du minari et la condition de la famille coréenne tentant de s’implanter dans un terrain dont on ne sait jamais s’il est hostile ou non, ainsi que la manière dont il est introduite et présenté par le personnage le plus intéressant du film, la vénérable mais atypique matriarche coréenne – elle jure comme un charretier et porte des caleçons d’hommes –, est le seul élément véritablement intriguant de ce film à l’apparence classique et monotone mais qui mérite peut-être malgré tout que l’on y revienne un peu plus tard, lorsque les « hypes » de toutes sortes auront fini de le survendre.