Millenium : Ce qui ne me tue pas
de Fede Alvarez
Thriller, action
Avec Claire Foy, Sverrir Gudnason, Lakeith Stanfield, Sylvia Hoeks, Stephen Merchant
Sorti le 21 novembre 2018
De la série littéraire Millenium, initiée par Stieg Larsson, il y a déjà eu quatre adaptations cinématographiques : trois suédoises tirées de la trilogie originale de Larsson, puis une américaine signée David Fincher, qui s’attaquait au premier volet de ladite trilogie. C’est cette fois-ci au tour du quatrième épisode, Ce qui ne me tue pas, de faire l’objet d’une mise en images, en anglais et avec une distribution internationale.
Ces nouvelles aventures de Lisbeth Salander, « la fille au tatouage de dragon », charrient bien évidemment ce qui a fait le succès de la saga, tant en littérature qu’au cinéma, à savoir du suspense, des complots, des tragédies humaines,…. Tout est donc au rendez-vous, au point que l’on ne se pose finalement que très brièvement la question du « gap » entre la première adaptation en anglais et celle-ci (en gros, où sont passés les épisodes 2 et 3 ?). Il faut dire que le casting a été totalement revu ainsi que – indirectement – l’aspect général de l’adaptation, définitivement passée dans l’ère de la série d’action. Autre question restée sans réponse : pourquoi engager des acteurs de nationalités diverses, dont quelques scandinaves, pour jouer des rôles de suédois s’exprimant exclusivement en anglais ? C’est une prédisposition qui semble être à la mode puisqu’elle est également à l’œuvre dans le « docudrama » boursoufflé de Paul Greengrass sur la tuerie d’Utoya qui a garni récemment le catalogue de Netflix.
Au-delà de ces considérations presque extra-cinématographiques, le présent film se distingue surtout par sa volonté manifeste de s’inscrire dans la mouvance très à la mode du film d’action féministe, lequel consiste la plupart du temps à troquer un héros bodybuildé et testostéroné contre un personnage de femme forte et guerrière, plongé dans les situations les plus propices à l’affrontement et à la démonstration de bravoure. Millenium : Ce qui ne me tue pas est plutôt moins hypocrite que d’autres films du même acabit, puisqu’il met bel et bien en scène des personnages féminins combatifs face à des hommes réduits au statut de potiches, exclus de l’action ou dépassés par celle-ci. Que ce soit du côté des protagonistes ou de celui des antagonistes, les hommes sont ici constamment manipulés, brimés ou sauvés par des femmes. Si l’on peut légitimement se questionner sur la validité de cette démarche, elle a au moins le mérite d’être assumée jusqu’au bout.
Féministe ou pas, Millenium : Ce qui ne me tue pas ne tient en réalité que par son efficacité minimum de film d’action basique, rehaussée par la mise en scène nerveuse de Fede Alvarez, habile faiseur du nouveau film de genre hollywoodien.