Scénario : Lylian
Dessin : Anaïs Bernabe/Hugo Poupelin (couleur)
Éditeur : Dargaud
Sortie : 06 septembre 2024
Genre : Aventure, documentaire
Adapté d’un livre de Jim Fergus, récompensé en 2000 par le Prix du premier roman étranger, Mille Femmes blanches revient sur le curieux marché – révélateur de l’état d’esprit de l’époque, tant par rapport aux femmes qu’aux personnes non blanches – signé entre le gouvernement des Etats-Unis et certaines tribus indiennes.
1874. États-Unis d’Amérique, Washington. May Dodd est incarcérée de force par les siens dans un institut spécialisé dans les déficiences mentales et les troubles psychologiques. Son tort : vivre avec un homme en union libre, contre l’avis de son père et de sa puissante famille. Pour échapper à son supplice et à la violence sourde d’un enfermement qui la tue à petit feu, May accepte de participer à un programme gouvernemental qui prévoit l’échange de mille femmes blanches contre mille chevaux pour favoriser l’intégration des descendants de la nation Cheyenne dans la société américaine.
Reflet d’une époque
Mille Femmes blanches est une œuvre qui peut surprendre, tant la dureté du scénario de Lylian entre en contradiction avec la beauté du dessin d’Anaïs Bernabe et surtout la douceur des couleurs d’Hugo Poupelin. De notre regard contemporain, il est en effet difficile de s’imaginer un gouvernement démocratique s’adonner à ce que l’on pourrait appeler de la traite d’être humain, mais à y regarder de plus près, le sort de ces femmes était-il plus enviable dans le monde civilisé ? Le scandale ne résidait-il pas dans le fait que, jusqu’à récemment, on pouvait se débarrasser d’un membre de sa famille en le traitant de fou ou en l’envoyant au couvent ? Dans ce monde dirigé par des hommes blancs, qui s’offusquait du sort des femmes, personnes de couleur, premiers habitants de ces contrées ?
Abordant toutes ces questions difficiles, Mille Femmes blanches apporte néanmoins une bonne dose d’humanité en prenant le parti de ces femmes qui ont été échangées et qui y ont vu, pour la plupart, une porte de sortie et une opportunité de prendre un nouveau départ, loin de ce monde qui les avait abandonnées.
Joyeux, coloré et sombre, triste, Mille Femmes blanches, c’est tout cela à la fois.