Le cinéma français est en deuil. Michel Blanc, comédien de talent et réalisateur césarisé, est décédé dans la nuit du 3 au 4 octobre à l’âge de 72 ans. La nouvelle a été confirmée par le magazine Paris Match et relayée par ses proches, notamment son ami de longue date Gérard Jugnot, qui a partagé une réaction émouvante sur Instagram : « Putain Michel… Qu’est-ce que tu nous as fait… ».
Né en 1952 à Courbevoie, Michel Blanc est avant tout connu pour son rôle inoubliable de Jean-Claude Dusse, le « loser » attachant des comédies Les Bronzés (1978) et Les Bronzés font du ski (1979), des films cultes réalisés par Patrice Leconte. Membre fondateur de la troupe du Splendid, Blanc a rencontré ses partenaires de scène – Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Christian Clavier, et Marie-Anne Chazel – sur les bancs du lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine. Ensemble, ils marqueront à jamais le paysage de la comédie française.
Une carrière marquée par l’humour, mais pas uniquement
Bien que son interprétation de Jean-Claude Dusse ait forgé sa notoriété, Michel Blanc n’a jamais souhaité se limiter à ce registre. Après le succès des Bronzés, il se diversifie en jouant dans d’autres comédies avec la troupe, telles que Viens chez moi, j’habite chez une copine (1981), Ma femme s’appelle reviens (1982), et Papy fait de la résistance (1983). Parallèlement, il se lance dans la réalisation avec Marche à l’ombre (1984), une comédie dramatique qui triomphe avec plus de six millions de spectateurs.
La carrière de Michel Blanc prend un tournant plus audacieux à la fin des années 1980 lorsqu’il endosse des rôles plus sombres et complexes. Parmi ses prestations marquantes, on retient son rôle dans Tenue de soirée (1986) de Bertrand Blier, où il forme un couple homosexuel aux côtés de Gérard Depardieu, ou encore son interprétation de Monsieur Hire, personnage mystérieux et ambigu, dans le film éponyme réalisé par Patrice Leconte en 1989.
Un réalisateur reconnu et un acteur césarisé
Outre sa carrière d’acteur, Michel Blanc a su s’imposer derrière la caméra. Son film Grosse Fatigue (1994), une réflexion sur la célébrité et le double jeu de la notoriété, est unanimement salué par la critique. Il explore ensuite d’autres horizons avec Mauvaise passe (1999), où Daniel Auteuil incarne un homme en quête de rédemption, et Embrassez qui vous voudrez (2002), une comédie chorale qui révèle une nouvelle génération d’acteurs, dont Mélanie Laurent.
Césarisé en 2012 pour son rôle dans L’Exercice de l’État, Michel Blanc prouve une fois de plus sa capacité à naviguer entre comédie et drame. Ce film, une plongée réaliste dans le monde de la politique, souligne la versatilité de l’acteur, capable de capturer les nuances des rôles les plus variés. Sa longévité dans le cinéma français lui permet de continuer à briller, notamment dans Les Souvenirs (2015) ou encore Voyez comme on danse (2018), une suite de son film de 2002.
Jusqu’à ses derniers films, Michel Blanc n’a cessé de surprendre par sa capacité à alterner entre humour et gravité, entre légèreté et profondeur. Sa participation au quatrième volet de la comédie populaire Les Tuche (2021) en tant qu’antagoniste montre sa volonté de rester présent sur la scène cinématographique, tout en continuant d’innover.
Acteur, réalisateur, scénariste, Michel Blanc laisse une empreinte indélébile dans le paysage culturel français. Sa carrière s’étend sur près de cinq décennies, durant lesquelles il a incarné une multitude de personnages avec une finesse inégalée. Ses partenaires du Splendid, eux aussi des figures incontournables du cinéma, perdent un ami et un collaborateur de toujours. Au-delà des rires et des succès en salles, Michel Blanc lègue à la France un riche héritage artistique, entre comédies populaires et performances dramatiques mémorables.
Sa disparition laisse un vide immense dans le cinéma français, mais ses rôles resteront gravés dans la mémoire collective, incarnant à la fois l’humour et la sensibilité qui caractérisaient cet artiste aux multiples facettes.