Composition de Daan Janssens, avec Cécile Granger, Raimund Nolte, Ekaterina Levental. Du 17 février au 17 février 2018 à 20h30 au Théâtre National.
Menuet se joue en trois temps où chacun vit et interprète sa solitude : abandon, recherche ou châtiment. Le récit est répété à trois reprises, au travers du regard de chaque personnage. Cette répétition captivante permet d’intégrer et d’analyser en profondeur les éléments qui s’amoncellent dans une compréhension chaotique et oppressante.
C’est l’histoire d’un homme qui travaille à longueur de journée dans des caves frigorifiques. Il y passe son temps au point où l’on croirait que quelque chose gèle en lui. L’atmosphère d’abandon pèse et son épouse ne parvient pas à satisfaire cet homme esseulé et plein de désir. La femme au foyer vit la solitude comme un châtiment qu’elle cherche à fuir au travers d’une hyperactivité et au travers de choix malsains : elle se lie à son beau-frère et engage une bonne. Cette aide engagée est une jeune fille qui se pose de nombreuses questions. Jeune, fraîche et rebelle, il semblerait que la vie ne l’ait pas épargnée. C’est avec une certaine malice qu’elle se découvre et expérimente son impact sur le reste du monde.
Cet opéra contemporain expose la solitude quotidienne, pesante et rassurante à la fois de chacun. Le tout explose dans un violent chaos où chacun sort de son rôle de spectateur pour entrer dans la danse. Le compositeur Daan Janssens et le metteur en scène Fabrice Murgia ont parfaitement réussi à nous faire voyager dans cette intrigue où le suspense et la tension sont permanents. L’œuvre de Louis Paul Boon a été sublimée par la magnifique et intelligente mise en scène. L’originalité d’installer l’orchestre à l’arrière de la scène offre un effet intrigant qui conforte cette tension et ambivalence entre la présence et l’absence. La structure du jeu parait simple mais elle est intelligente et permet une analyse fine de l’intrigue. La complexité de ce triple regard sur la solitude est mise en avant, avec talent.
