Men & Chicken
d’Anders Thomas Jensen
Comédie noire
Avec Mads Mikkelsen, David Dencik, Nikolaj Lie Kaas, etc.
Sorti le 20 avril 2016
Déjà 10 ans que beaucoup attendaient une nouvelle réalisation d’Anders Thomas Jensen qui avait conquis la critique et le public grâce à deux films remarqués : Adam’s Apple et Les Bouchers verts. Deux bijoux d’humour noir mettant en scène des protagonistes étranges, loufoques ou même idiots. Après avoir exploré le cannibalisme et l’axe du bien et du mal, Jensen s’enfonce encore plus loin dans le Danemark profond et parle des relations familiales sur fond de manipulations génétiques.
Cette nouvelle folie suit les recherches qu’effectuent Elias (le frère un peu dégénéré et onanique) et Gabriel (professeur de philo sérieux et mature) pour retrouver leur vrai père. Leurs indices les mènent sur une étrange île danoise et le sanatorium d’un certain Evelio Thanatos. Les rares habitants du coin ne les rendent pas optimistes sur ce qu’ils vont trouver et leur arrivée dans un monde digne de L’île du Docteur Moreau n’arrange rien : trois demi-frères dégénérés, zoophiles et plein de mystères sur les expériences qu’effectuaient Thanatos. Si Elias s’adapte vite à la situation, Gabriel tente de répondre à toutes ses questions sur son origine.
Pour ce film dingue composé de gueules spécifiques, Jensen s’est une nouvelle fois entouré de ses acteurs habituels : Mads Mikkelsen (qui revient aux sources), Nikolaj Lie Kaas, Nicolas Bro, Ole Thestrup, etc. Tous prêts à suivre le délire de Jensen et casser leurs images (certains ont depuis, une renommée plus ou moins internationale). Et la grande force du film, c’est évidemment la pléiade de stars danoises présentes.
Tout ce que l’on découvre autour de l’intrigue et des rebondissements est plus difficile à apprécier : le film est complètement loufoque, bourré de répétitions comiques et devient au fur et à mesure de l’histoire, de plus en plus malsain (au niveau des comportements de chacun, entre autres). Mais comme dans ses précédents films, Jensen arrive à conserver une empathie envers ses personnages (par un autre traitement, ils auraient pu être les méchants rednecks tuant et violant des jeunes en vacances) et tente de casser les barrières qu’érigent les différences ou de démontrer le pouvoir de la famille.
Au final, l’œuvre d’Anders Thomas Jensen est une comédie noire et malsaine inspirée de L’île du Docteur Moreau. La performance des acteurs est jouissive, l’histoire, elle, nous intrigue encore : est-ce un coup de génie ou une suite lassante de dégénérescences ?