Titre : Mémoire céleste
Auteur : Nona Fernández
Edition : Globe
Date de parution : 06 février 2025
Genre du livre : Enquête
Nona Fernández a été contactée pour écrire un texte et être marraine d’une nouvelle constellation, celle qui représente un homme, Mario Argüelles Toro, mort trop jeune, tué par la Caravane de la mort, le 19 octobre 1973, sous les ordres de Pinochet, au Chili. L’opportunité pour l’autrice de se pencher sur ce passé, sur son passé, et sur la mort des étoiles.
Nous sommes de la poussière d’étoiles. Fernández le rappelle, comme je l’avais déjà entendu de la bouche de Carl Sagan en personne, l’auteur présentateur de l’émission culte « Cosmos », qui communiquait avec une passion phénoménale l’étrangeté de l’univers et de la vie sur terre. D’ailleurs l’autrice nomme Sagan dans son livre, en parle et souhaite prolonger sa pédagogie, continuer d’ouvrir nos yeux sur les constellations et les étoiles, avec des mots.
Elle décrit donc la création de l’univers, parle de ces millions d’étoiles, de leur mort prochaine, du passé et du futur, du soleil et de notre mort à nous. Elle revient d’abord aussi sur le mystère de la vie sur terre et sa lente apparition, il y a des centaines de millions d’années. « Mémoire céleste » devient ainsi abyssal sur son ambition fabuleuse, parler de l’infini, de la vie, de la mort, de sa mère et de Mario Argüelles Toro.
Fernández ne parvient pas tout à fait à écrire un livre à la hauteur de ses ambitions, tant cet arbre de la vie, pour le comparer à une œuvre majeure du cinéaste Terrence Malick, reste peut-être trop dans les clous par rapport au projet annoncé. Au lieu d’une exploration mystique et d’une réinvention des codes, comme ce film vainqueur d’une palme d’or à Cannes en 2011, Fernández écrit d’une manière assez encyclopédique, commune, télévisuelle, comme Sagan, sans l’amabilité du monsieur.
Ces allers et retours dans le firmament rappelant que notre vie ne tient toujours qu’à un fil et que nous retournerons bientôt flotter dans la poussière, s’intercalent avec des parties sur la veuve de Mario, Violeta, une femme dans les 80 an, qui s’est perdue des dizaines d’année à la recherche des ossements complets de son mari dans le désert. La mère de l’autrice a elle aussi 80 ans et elle fait des chutes qui lui font oublier complètement le monde, la vie, durant quelques secondes. Comme si elle mourrait un petit peu à chaque fois, avant de revenir à la vie et qu’un groupe de personnes lui narre les quelques secondes qu’elle a effacées, jusqu’à cette fois où elle mourra pour de bon et qu’elle ne reviendra plus pour qu’on lui raconte son histoire.
Alors, en attendant la mort et les poussières d’étoiles, on prend des photos. Des photos de gens qui jaunissent, et qui meurent et qui nous regardent depuis la mort, et ces gens, paraît-il, logent et habitent dans les étoiles, et si les étoiles scintillent de mille feux, c’est parce que ce sont nos morts, nos millions de morts, qui envoient des messages lumineux pour nous dire à nous, les vivants : ne nous oubliez pas. Car bien vite, nous serons tous et toutes poussières d’étoiles.