Comme tous les autres styles musicaux, le metal regorge de groupes plus ou moins intéressants, se contentant de suivre le chemin tracé par leurs glorieux aïeux. Et à coté de cette masse, il y a des groupes, des ovnis pourrait-on dire, arrivant avec talent à imposer leur musique unique dans un univers très formaté.
Melechesh fait partie de ceux-là.
Fondé en 1993 à Jérusalem, le groupe aujourd’hui très international en est déjà à son sixième album. Du line-up d’origine, seul le guitariste-chanteur Ashmedi est encore membre à plein temps du groupe. Ce qui fait l’originalité de la musique de Melechesh, c’est ce mélange détonnant et hypnotisant de Black metal et de musique traditionnelle orientale. Que cela soit au niveau de la musique, des textes et parfois des instruments utilisés, les compositions de Melechesh sont inspirées des anciennes cultures mésopotamiennes et sumériennes. Et ce mélange, surprenant sur papier, s’avère terriblement efficace à l’écoute.
Enki le nouvel album du groupe est un concentré de tout ce que le groupe nous propose depuis 20 ans, mais en mieux comme le dirait le monde publicitaire. Composé de 9 morceaux relativement longs (on arrive à plus d’une heure de musique au final), le groupe nous propose un voyage encore plus poussé dans son univers atypique.
Fondamentalement, la recette du groupe n’a donc pas vraiment changé . Les riffs forcément très influencés orientaux, s’enchainent pour bâtir des morceaux solides et réellement intéressants. La voix black metal d’Ashmedi rajoute une couche bien malsaine aux compositions. Comme toujours également, on note la présence d’instruments traditionnels et d’un morceau uniquement acoustique (Doorways to Irkala)
Malgré tous ces points communs avec le reste de l’excellente discographie du groupe, Enki est sans doute le disque le plus réussi de Melechesh. La recette reste la même oui, mais les ingrédients sont plus savoureux, mieux liés entre eux. Certains passages et enchainements sont justes phénoménaux d’efficacité.
Il n’y a rien à jeter, que de la bonne musique épique et brutale à savourer. Décrire chaque morceau est inutile, la musique de qualité ne se raconte pas, elle se vit et s’apprécie. Pour ceux qui voudraient juste écouter par curiosité deux ou trois titres, je leur conseillerais de commencer par le fulgurant Tempers Temper Enlill Enraged (qui rappelle furieusement Rebirth of the Nemesis) , Lost Tribes et Enki – Divine Nature Awoken.
Notons également la présence de quelques invités de marque sur le disque : Rob Caggiano (Volbeat, ex-Anthrax), Sakis Tolis (chanteur de Rotting Christ) et Max Cavalera (dois-je vraiment vous le présenter ?).
Enki mettra une nouvelle claque aux vieux fans du groupe mais risque surtout d’en attirer une horde de nouveaux amateurs. Il est réellement temps que le groupe gagne le statut qu’il mérite : celui d’immortel dans le monde du metal extrême. Ce disque est à classer très haut dans le Panthéon des dieux. Inanna aurait été fier de ses rejetons spirituels.