Tour de France
de Rachid Djaïdani
Comédie dramatique
Avec Gérard Depardieu, Sadek, Louise Grinberg
Road-movie à la française, Tour de France entre dans la vague du cliché intergénérationnel et culturel à travers le schéma classique d’un duo antagoniste coincé pour le meilleur et pour le rire.
D’un côté, Gérard Depardieu, prolétaire, raciste, intolérant, passionné de peinture et de fromage, n’a pas hésité à renier son fils pour une histoire de religion et face à lui, un jeune de cité dit des quartiers sensibles, Far’Hook, rappeur et orphelin, interprété par le rappeur Saadi. L’incarnation de la France de couleur se révèle, sans presque une ombre, plus tolérante, ouverte et altruiste que le vieux Serge de la France profonde. La construction du personnage de Serge manque de sens, parce qu’il semble avoir été construit sur le modèle inverse (maléfique) de Far’Hook, sans tenir compte des propres valeurs du protagoniste.
La peinture rend le personnage de Serge tangible, parce que plus humain, mais la thématique reste maladroitement utilisée. Partant du principe qu’un prolétaire licencié d’une usine du nord connaîtrait mieux Vernet qu’un jeune de cité, le récit impose des vérités qui ne sont pas en adéquation avec la réalité, si bien que la thématique semble marteler au récit.
Le périple s’alourdit, de port en port, par delà les symboles et les figures de style qui manquent sincèrement de cohérence. Les images qui viennent ponctuer le récit contiennent une certaine forme de poésie ; la main de Serge, pleine de peinture bleue, qui vogue au gré du vent par la fenêtre de la voiture, est une belle image, mais ne fait pas vraiment sens avec un personnage qui ne laisse que peu de place à la divagation et la rêverie. Dans un autre registre, mais dans la même lignée, vouloir peindre du Joseph Vernet à la truelle de peintre en bâtiment, est une jolie idée mais vraisemblablement, on ne peut s’y résoudre.
Sans se vouloir moralisateur, le réalisateur marque nettement son parti pris et la psychologie du personnage de Serge est construite sur autant de préjugés que n’est traité Far’Hook par ce dernier. Non pas que le racisme soit tolérable, mais s’il est justifiable du côté de Far’Hook, il a le droit de l’être aussi du côté de Serge.
Mais finalement, même si Tour de France reste assez simpliste dans sa manière de regard sur la France, le rêve de réconciliation que dégage le travail de Rachid Djaïdani – comme dans Intouchables et ses petits camarades – reste toujours nécessaire.