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    MED 2016 : On The Milky Road d’Emir Kusturica

    On The Milky Road

    d’Emir Kusturica

    Drame

    Avec Monica Bellucci, Emir Kusturica, Natasa Ninkovic

    « Basé sur trois histoires vraies et beaucoup d’imagination », On the Milky Road signe le grand retour d’Emir Kusturica. Musique, drame et onirisme ; les personnages chantent, crient et dansent, ils ont soif de vivre. La planète Kusturica est restée intacte.

    L’histoire est simple, presque réchauffée, mais le parcours qu’emprunte Kusturica est remarquable. Le réalisateur interprète le rôle du protagoniste principal, Kosta, dont l’avenir tout tracé va basculer à l’arrivé de la belle Monica Bellucci. Ensemble, ils vivront heureux, mais plus pour très longtemps.

    Sur fond de guerre loufoque, le mélodrame nous conte une romance qui oscille, en un battement d’ailes, entre humour et tragédie. Un faucon qui danse, un serpent bienfaiteur qui boit du lait ou des oreilles qui volent et des humains qui flottent dans les airs, le réalisme magique enrobe le récit d’une candeur qui n’est que le masque derrière lequel se cache la satire des rapports humains.

    Même si le conte de fée nous perd un peu sur la longueur, on ne peut que pardonner la digression parce qu’on rit de la comptine. Le rythme se donne dans la répétition d’abord comique puis tragique et permet de ponctuer les chapitres d’une épopée qui ne cesse d’empirer.

    Jetée sans ménagement dans une cacophonie monumentale et meurtrière, la tragédie ne laisse que peu de place à la contemplation. La douce voix de Monica Bellucci laisse bien quelques respirations sonores par sa mélodie, mais seulement pour nous amener au désir, une sensation toujours en dehors de la réflexion. Avec beaucoup de bruit et peu de mots, les pistes saturées nous intègrent comme protagoniste à travers une perception dans l’action.

    Parmi les rares double-palmés de Cannes, aux côtés de Francis Coppola, Shoei Imamura, Bille August et les frères Dardenne, le réalisateur serbe réalise une fois de plus un coup de maître à travers un univers que lui seul peut rendre vraisemblable, auquel on adhère sans réserve.

    Audrey Lenchantin
    Audrey Lenchantin
    Journaliste du Suricate Magazine
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