Pour la première exposition en Belgique consacrée uniquement à la garde-robe de l’homme, Masculinities au Musée mode et dentelle propose une vision d’une centaine de silhouettes
retraçant les masculinités plurielles d’hier et d’aujourd’hui. Abordant la question de la masculinité de manière générale et son évolution au cours du dernier siècle, l’exposition est divisée en trois grands thèmes : la masculinité archétypale, les masculinités alternatives et la question du genre. Partant de la fin du 18ème siècle pour s’étendre jusqu’à nos jours, les silhouettes exposées forment un historique de la mode masculine, qu’elle soit classique, en costume trois pièces sombre, inspirée du monde de la nuit et de la fête, ou fusionnant avec le streetswear. Plusieurs grands noms de la haute couture française et internationale sont présents dans l’expo, en plus de quelques créateurs belges. L’expo est composée aux deux tiers des collections privées du musée.
L’homme en jupe
Vêtement directement associé à l’univers féminin par les occidentaux, à quelques rares exceptions, la jupe ou la robe de manière générale a sa place dans l’exposition. Portée depuis des siècles partout à travers le monde, elle peut être liée en Occident au culte religieux, comme les habits ecclésiastiques encore d’actualité, dont les 33 boutons font référence à l’âge du Christ à sa mort.
Les robes et tuniques non occidentales inspirent le créateur anversois Jan-Jan Van Essche qui en garde les notions de confort et de simplicité pour créer ses collections, toujours dans les tons unis et sobres. Plus fervent défenseur de la jupe pour homme, Jean-Paul Gaultier expose une silhouette hybride composée d’un pantalon sur lequel est superposé un pan de tissu donnant naissance à une nouvelle forme de tablier et de son pull ligné bleu et blanc devenu culte.
Boy’s don’t cry
Un changement radical s’opère sur la vision de l’homme et de sa virilité à la fin des années 1990. Le modèle de l’homme bodybuildé mis en place durant les quinze précédentes années est rejeté pour laisser place à une silhouette plus svelte, androgyne qui laisse transparaître la vulnérabilité de l’homme. Inspirés par les adolescents, notamment ceux qui fréquentent la scène alternative rock et punk, les créateurs Raf Simons et Xavier Delcourt créent une nouvelle mode sombre, ambiguë, avec la liberté comme mot d’ordre. A cette époque, le recul du sexisme et de l’homosexualité entraîne chez l’adolescent une acceptation de ses émotions. Au même moment le terme « métrosexuel » est inventé pour désigner chez des personnes hétérosexuelles des attitudes ou un style vestimentaire que les stéréotypes attribuent à culture homosexuelle.
Vers une mode dégenrée
La mode est le milieu artistique ou la notion de genre impose depuis longtemps ses codes mais tend à disparaître depuis les années 1960 pour laisser place à un nouveau type de collection. Bien
que marginalisé à ses débuts, le phénomène des collections unisexes s’amplifie jusqu’à ajouter une catégorie « non binaire » à la Fashion week de New-York. La mode dégenrée suit l’évolution
d’une société ou la jeunesse se bat pour ne plus être enfermée dans des stéréotypes. Depuis longtemps, la mode est aussi synonyme de liberté et d’extravagance.
Sujet à débat dans la société actuelle, l’homme, ses masculinités plurielles et les différentes approches qu’il en a est vue par les grands créateurs de mode des dernières décennies. En proposant des silhouettes parfois sobres et élégantes, parfois colorées et structurées ou noire et ample, l’exposition Masculinities permet également d’aborder des sujets plus sensibles et importants comme la question du genre et des stéréotypes qu’elle entraîne, l’acceptation de l’homosexualité dans la mode et l’influence des cultures non occidentales sur la nôtre.
Informations pratiques
- Où ? Musée Mode & Dentelle, rue de la violette 12, 1000 Bruxelles.
- Quand ? Du 28 août 2020 au 13 juin 2021, du mardi au dimanche de 10h à 17h.
- Combien ? 8 EUR au tarif plein, différents tarifs réduits possibles.