auteur : Daniel Ichbiah
édition : de La Martinière
sortie : octobre 2018
genre : biographie
Mark Zuckerberg : La biographie de Daniel Ichbiah, paru en octobre 2018, retrace le parcours du jeune prodige de l’informatique, de son enfance en périphérie de New-York à la direction de l’empire Facebook. Sans doute faute de nombreux témoignages directs sur la personne de Mark Zuckerberg, cette biographie est bien souvent une chronique de la montée en puissance du réseau social de référence.
L’auteur n’en est pas à sa première biographie sur les stars de la Silicon Valley puisqu’il a déjà documenté les vies de Bill Gates et de Steve Jobs, ce dernier étant d’ailleurs identifié comme l’un des rares amis de Mark Zuckerberg. Ichbiah annonce d’emblée que cette biographie sur les “premiers de cordée” du web sera certainement la dernière tant il s’est vu opposer un mur du silence de la part des employés de Facebook et des proches de Zuckerberg. Le livre est donc principalement basé sur des articles de presse et des livres, dûment répertoriés en fin d’ouvrage.
Zuckerberg y est décrit comme un surdoué, pas seulement de l’informatique d’ailleurs, puisqu’il excelle dans de nombreux autres domaines, tels que l’escrime, les échecs, ou encore les langues classiques. Seule la langue chinoise, qu’il s’évertue à apprendre depuis de nombreuses années, semble un tant soit peu résister à cette “intelligence surhumaine”.
Son enfance se passe à Dobbs Ferry, une petite ville paisible à 40 km de New-York. Seul garçon d’une fratrie de quatre enfants, son père est dentiste et sa mère psychiatre. Tous deux sont de confession juive, mais la religion ne semble pas avoir jouer un rôle fort dans son éducation et il s’identifie longtemps comme athée avant d’indiquer plus récemment que la religion est importante. Très tôt, ses parents investissent dans un ordinateur et leur fils se prend de passion pour celui-ci. Des cours privés d’informatique lui sont prodigués et son professeur particulier remarque qu’il doit se dépasser pour garder une longueur d’avance sur son élève surdoué.
Zuckerberg aime apprendre, un trait qu’il partage avec son épouse Priscilla Chan. Ses bons résultats scolaires lui permettent d’entrer sans difficulté à Harvard, où il s’illustre par la création d’un site internet de notation des photos des étudiants en “Hot or Not” en siphonnant la base de données de l’université. Pour réaliser ce site, le futur patron de Facebook n’a pas hésité à pirater les serveurs d’Harvard. Ce qui devait au départ rester une blague entre potes, suite à un dépit amoureux, a été largement partagé, et lui a valu un conseil de discipline. Plaidant coupable, il réussit de justesse à ne pas se faire renvoyer et propose d’aider à pallier les failles informatiques de l’université que son expérience a mis à jour. Cet épisode marque une certaine désinvolture vis-à-vis des données personnelles, et sera suivi de plusieurs autres événements illustrant cette attitude.
C’est à l’université que l’aventure Facebook commence fin 2003, dans un climat où les réseaux sociaux sont dans l’air du temps, avec notamment les sites Friendster ou MySpace qui ont depuis périclité, faute de satisfaire pleinement leurs utilisateurs. L’auteur avance l’hypothèse qu’une demande latente pour un site regroupant les fonctionnalités de Facebook existait et que Mark Zuckerberg aurait eu le talent d’y répondre mieux que quiconque, quitte à glaner quelques idées chez des concurrents potentiels. Une fois lancé, le site est allé de succès en succès pour, passant d’un million d’utilisateurs fin 2004 à plus de 2,2 milliards de personnes fin 2018. Très vite, les offres de rachat apparaissent avec des sommes de plus en plus vertigineuses, mais le fondateur de Facebook les repousse et s’assure de garder le contrôle sur sa créature, même après son entrée en bourse en 2012.
Cette biographie, sans être dans la béatitude élogieuse, donne une bonne image de Mark Zuckerberg. L’auteur insiste sur son goût des choses simples et sur l’importance de son entreprise philanthropique. Rappelons ici qu’à la naissance de sa première fille (il en a deux maintenant), il s’est engagé à donner 99 % de ses actions à des œuvres humanitaires. La Chan Zuckerberg Initiative a été créée à cette fin et ambitionne “d’améliorer le monde des générations futures, l’égalité des chances et le potentiel des humains”. Vaste programme.
Facebook a englobé à des prix faramineux d’autres géants du web, tels que WhatsApp et Instagram. La fortune personnelle de son fondateur est estimée à 56 milliards de dollars, ce qui le place en 5ème position des plus grosses fortunes mondiales, selon le magazine Forbes. On apprend que plus jeune, Mark Zuckerberg terminait ses réunions d’équipe par un appel à la “domination du monde”. Son objectif semble atteint…
L’importance des réseaux sociaux dans nos vies rend utile cette biographie, qui se lit facilement grâce au ton de conversation badine employé par l’auteur. Celui-ci fait la part belle à la montée en puissance de Facebook sous l’angle entrepreneurial. À la lumière des gilets jaunes mais aussi d’articles alertant sur les aspects négatifs des réseaux sociaux, on aurait aimé que Daniel Ichbiah creuse la dimension de l’utilisation des réseaux sociaux et du devoir de responsabilité qui incombe à leurs dirigeants. Le rôle moteur des réseaux sociaux comme outil de mobilisation sociale est trop rapidement évoqué dans un chapitre sur l’utilisation de Facebook lors de la révolution de 2011 en Tunisie. Le phénomène des bulles de filtre, qui conforte l’utilisateur dans un ensemble de publications avec lesquelles il est en accord idéologique, n’est pas abordé, bien que l’auteur énonce la volonté du fondateur de Facebook de remplacer les médias de masse traditionnels.