De Jean-François Viot, mise en scène de Patrick Brüll avec Anne Renouprez et Alain Eloy. Du 19 septembre au 6 octobre 2017 à l’Atelier Théâtre Jean Vilar (Théâtre du Blocry). Photo © Gaël Maleux
40 ans après la disparition de Maria Callas, le Théâtre Jean Vilar rend un très bel hommage à celle qui fut, à travers une carrière fulgurante et tourmentée, une soprano météorite modifiant à tout jamais la carte du ciel de l’art lyrique par son empreinte singulière.
Le 16 septembre 1977, François Grenier, journaliste pour la radio, prépare en toute hâte ses bagages. Il est sur le point de quitter Paris pour rejoindre sa famille en Bretagne quand une information brûlante interrompt ses projets et le retient dans la capitale : Maria Callas est décédée dans l’après-midi, seule dans son appartement parisien. Il est sommé par sa direction de réaliser une émission spéciale pour le lendemain bien qu’il n’y connaisse rien en opéra. Plongé dans sa documentation, le journaliste est très vite dérangé dans sa lecture par une figure féminine mystérieuse ressemblant étrangement à la diva grecque. Est-ce un spectre ? Est-elle arrivée par magie ou est-elle le fruit de son imagination ?
D’elle à lui, la narration remonte la courbe de vie de Maria Callas sur le ton de la confidence et de la complicité tout mêlant l’intime et la musique. Mais si l’histoire opère un véritable retour sur la vie mouvementée de la cantatrice légendaire, elle met également à l’avant-plan la conversation d’un soir entre un homme qui se cherche encore et une femme qui fait ses adieux. Tour à tour enjouée, drôle et dramatique, la mise en scène de Patrick Brüll sert habilement le texte de Jean-François Viot qui se décline en 5 actes comme toute bonne tragédie grecque qui se respecte.
D’un bout à l’autre, on se laisse emporter par cette œuvre délicate qui revient avec grâce sur la vie, la carrière et la légende de la Callas. Il y a, dans un premier temps, le versant ascendant qui nous mène de New-York à Athènes : l’arrachement à la terre natale, l’amour du père, le rêve américain, les combats de l’enfance, la séparation des parents, la force du travail et la pugnacité face aux échecs. Et puis, c’est le firmament en Italie : les grands rôles passionnés (Norma, Tosca, Violeta…), Visconti le Pygmalion, son génie dramatique, la gloire et la pluie de contrats prestigieux. S’ensuit la descente aux enfers : la perte de la voix, la relation tumultueuse avec Onassis et la solitude.
La comédienne et chanteuse d’opéra Anne Renouprez incarne avec brio la Divine. A la fois touchante et sensible, elle resuscite plus d’une fois tantôt Maria, tantôt Callas par la grâce de sa langue et de sa voix. Quant à l’acteur Alain Eloy, il parvient en un minimum d’artifices à donner vie à une foultitude de personnages secondaires.
Vous l’aurez compris, Callas, il était une voix est un spectacle à voir d’urgence si vous souhaitez découvrir qui se cachait derrière l’icône du chant d’opéra.