Inspiré des œuvres de Marguerite Duras, mise en scène de Isabelle Gyselinx, co-production Cie Paf le Chien. Avec Thierry Devillers, Sophie Leboutte, Fabrice Schillaci, Alice Tahon, Ferdinand Despy, Michel Kozuck.
« Ecrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit »
Au théâtre Océan Nord se jouait du 16 au 19 janvier une œuvre des plus énigmatiques pour les amoureux de la littérature.
Marguerite… « Marguerite Duras », la pièce de théâtre, qu’est-ce que c’est ?
C’est un hommage tout d’abord à l’un des plus grands écrivains du siècle passé Marguerite Duras. Ensuite c’est une proposition de style, d’ambiance, de spectacle. Une pièce de théâtre mais pas tout à fait. Des instruments de musique accompagnent certains dialogues. Certaines phrases sont chantées. Cinq comédiens sont présents sur scène et symbolisent des moments de la vie et de l’œuvre de Duras. Les dialogues sont les mots de l’auteur, capturés par une caméra ou tirés de ses œuvres.
On y découvre une Marguerite jeune et une Marguerite plus âgée. L’amant de la chine du Nord et Bernard Pivot, Jacques Chirac ou encore Yann Andrea. Tout ce petit monde gravite autour de l’auteur contant tantôt un épisode de vie ou mettant en scène un moment particulier d’un livre de Duras. On y entend les mots de La Douleur, de L’amant, d’Ecrire, etc.
Pour les fanatiques de l’auteur ce sont des mots redécouverts, personnifiés, joués, accentués. Pour les novices, c’est une initiation à ce que cet artiste avait d’ombres et de lumières. La féministe, l’alcoolique, l’écrivain de génie, la castratrice, la jeune nymphette, la dictatrice, la journaliste. C’est un être à part Marguerite, avec un ton, un rythme, une cadence. Cette pièce lui fait honneur. Elle a également son rythme et ses mesures mais tout en harmonie avec sa muse.
Les comédiens incarnent parfaitement l’ambiance qui existe dans les romans de Duras. Une atmosphère chaude, presque tropicale, où se mêle désir, honte, confession et déchirement. Les choix des textes mis à l’honneur durant cet intermède durassien ont été choisis avec minutie pour leur caractère principalement autobiographique.
La mise en scène est signée Isabelle Gyselinx, elle surprend tout d’abord par ses notes très contemporaines. Cela interpelle, on ne comprend pas. On ne comprend ni l’ensemble des éléments présents sur la scène ni le fil rouge du récit. Et puis, tout s’éclaire. C’est Marguerite. Avec ses paradoxes, ses contradictions, ses extrêmes et ses intuitions. Cette pièce, ce ton, ces ruptures de genres, de styles, c’est Elle. On ressent que c’est un spectacle fait avec l’amour d’Elle, la compréhension d’Elle. Et on ne peut être qu’admiratif devant la force de travail et de conviction qui ont animé ses comédiens, cette metteuse en scène et toute l’équipe qui ont œuvré afin que ce petit bijou théâtral voit le jour.
Si vous possédez sur votre livre de chevet un ouvrage de Marguerite Duras courez découvrir ce spectacle. Par contre si cet auteur et ses œuvres vont sont inconnus, partez à la découverte de ce rivage complexe mais absolument éclatant de vie, d’écriture, de questionnement et d’acte de résistance.