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    Marco Minnemann : Celebration

    Nous vous avions fait découvrir son univers totalement loufoque lors d’une interview qui ne manquait pas de piment (A lire en cliquant ici). Marco Minnemann, l’incroyable batteur des Aristocrats, de Steven Wilson, Joe Satriani et beaucoup d’autres, revient avec Celebration, un album haut en couleur et qui ne va laisser aucun mélomane indifférent.

    Après EEPS, un album qui montrait un peu ce côté « touche à tout » du bonhomme et une certaine folie dans les morceaux, Celebration marque un retour à plus de construction et de cohérence.

    On commence fort avec Miami, un morceau qui ne sonne pas aussi tranquille qu’on ne pourrait penser. Une rythmique heavy metal très rapide, une batterie déchaînée, on se dit que ça va barder chez les Minnemann. Puis, on se détend et on retrouve l’univers de notre ami, mélangeant les sons et les instruments. Il nous l’avait dit, Marco aime ce mélange et expérimente énormément lors de ses compositions. Il joue ainsi sur les ambiances, les contrastes et arrive à un résultat vraiment pertinent.

    Ce qui est bien avec ces albums, c’est qu’on ressent ce plaisir qu’a eu Marco en composant ces morceaux et en les interprétant. Le titre éponyme qui suit fait penser à un mélange de Steven Wilson chanté par Joe Satriani avec ce son de microphone saturé. It Always Seems sonne plus pop. Ceci étant dit, Marco ne choisit pas la facilité et fait évoluer sa chanson tant sur le plan mélodique que rythmique.

    Et on entre ainsi en douceur dans March Of The Living Dead. Une espèce de marche militaire qui nous emmène vers How Can I Help You, un titre un peu dingue dans lequel le batteur se fait plaisir à coup de roulements et de mélodies faites avec des klaxons de voitures et autres véhicules. Un régal pour les oreilles et pour les fans du batteur. On poursuit avec What Have You Done, un titre qui, lui aussi, est assez riche rythmiquement. Encore des mélodies originales qui nous montrent toutes les influences de Minnemann.

    Un peu de douceur aussi dans ce Celebration avec le morceau Greatest Gift In Life. Un titre de toute beauté qui apporte énormément à ce disque. Certes, on s’attend à un brin de folie à chaque titre du fougueux Minnemann. Mais le retrouver dans un registre doux et mélodieux le dévoile autrement et permet sans doute aussi à Marco de nous montrer son talent dans un registre qu’on lui connait moins.

    Bien entendu, Minnemann a joué pour des musiciens de rock progressif. Voici donc Print Club, un morceau de presque onze minutes de son cru. Au programme, mélodies et sons originaux. Mais aussi un grand soucis de la rythmique qui guide tous les instruments. On se rend bien compte que tout est construit autour de la batterie. Le morceau prend ainsi forme peu à peu avec un thème et un univers particulier.

    Ugly Sunrise sonne plus mystérieux et intriguant. On sent plutôt l’influence de Satriani sur ce titre qui sonne de façon plus onirique avant de monter en puissance et s’électriser davantage. On a déjà voyagé beaucoup et l’on pourrait penser que la fin du disque approche. Pourtant, on est là qu’à la moitié du disque ! En dehors du talent évident de Marco Minnemann, il reste évidemment cette incroyable virtuosité de l’homme-orchestre qui ne s’arrête jamais.

    Ainsi, parmi les titres qui suivent on remarque Have A Great 3015, un morceau qui fait beaucoup penser à Liquid Tension Experiment. Un genre de groove-jazz-fusion très habile qui convient particulièrement au bonhomme. Encore un titre qui vaut le détour si vous aimez ce style. 4000, chanson dont la mélodie est aussi mystérieuse que le titre lui-même. On visite d’autres univers à travers des titres comme Everyone Likes A Rainbow, Anima’s Birthday ou Better Place qui offrent beaucoup musicalement.

    On remarque que beaucoup de morceaux de Minnemann peuvent être coupés en deux et présenter des styles très divers autour d’une même mélodie.  The Darkness Within You clos l’ensemble remarquablement. On y retrouve ce style de phrasés de guitare que Minnemann aime nous montrer maintenant qu’il travaille avec Satriani. Une fin des plus agréables pour un album réellement époustouflant.

    Marco Minnemann est définitivement quelqu’un qui brise les barrières des genres musicaux. Il aime ainsi mélanger et confronter des genres et instruments qui, à priori, ne sont pas souvent associés. Et pourtant, l’ingénieux musicien arrive à produire quelque chose de tout à fait inattendu et pertinent qui nous pousse à réfléchir et voir les choses sous un autre angle. C’est le genre de démarche qui fait avancer parfois les choses et pousse chacun à se dépasser en allant plus loin dans la création musicale. Un album qui a le mérite d’être inclassable de par son habile mélange hétéroclite.

    Christophe Pauly
    Christophe Pauly
    Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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