Mardi passé, le studio 4 de Flagey faisait revivre le jazz belge des années 20/30 lors d’une soirée cinéma concert. Ce sont dans ces mêmes lieux qu’est née une – désormais oubliée – légende du jazz belge : Stan Brenders. Manneken Swing retrace l’histoire de cet homme qui fut le chef d’orchestre de l’Institut National de Radiodiffusion et l’un des plus importants jazzmen pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au cours de cette soirée, les spectateurs ont pu s’imprégner de l’atmosphère jazzy de l’époque non seulement grâce au documentaire réalisé par Julien Bechara mais aussi grâce à la présence du Tivoli Band sous la direction d’Eric Mathot qui a offert au public une représentation live des compositions de Stan Brenders.
Manneken swing dévoile de nombreuses archives et d’anciennes productions audiovisuelles qui nous plongent au cœur du vieux Bruxelles où naissaient les clubs de jazz et les jazzmen les plus talentueux de l’époque. Véritable devoir de mémoire, le documentaire veut [valoriser] « un vrai patrimoine : le jazz perçu comme une identité bruxelloise ». En effet, l’histoire du jazz belge, peu connue du public, fut fragilisée par la Seconde Guerre mondiale et l’occupation nazie. Stan Brenders, lui, sera accusé de trahison car il garda son poste à l’INR, alors saisi par les Allemands. La radio et la musique étaient devenus des moyens de propagande nazie. Le jazz lui avait été interdit, car il était considéré comme un art dégénéré. Le titre des grands airs américains était modifié afin de tromper la censure.
Le réalisateur présente son œuvre comme un travail de réhabilitation de cet homme et musicien. Malgré d’évidentes preuves, il ne reçut jamais le statut de résistant après la guerre, bien qu’il ne fît jamais de prison contrairement à ses grands compères Fud Candrix et Jean Omer. Cette attaque blessera profondément Brenders et l’empêchera de réaliser la grande carrière musicale à laquelle il était promis.
Manneken Swing révèle avec brio la place de la musique en temps de guerre et y questionne en outre le statut des artistes. Comment se positionner face à l’omniprésence allemande tout en voulant résister et faire vivre un art musical populaire ?
Rendez-vous le vendredi 20 Novembre à 21h55 sur la Une pour sa prochaine diffusion. En attendant de régaler vos yeux et vos oreilles, vous trouverez la bande annonce ci-dessous.