auteur : Jack Heath
édition : Super 8
sortie : mars 2018
genre : thriller
Possédant des facultés intellectuelles énormes et une disposition naturelle à lire dans l’esprit des gens, Timothy Blake est un civil aidant le FBI dans ses enquêtes les plus ardues. Quasiment infaillible dans ses intuitions et ses déductions, Blake a pourtant un défaut majeur : son goût immodéré pour la chair humaine. Afin d’assouvir son péché mignon, il a passé un marché avec le FBI pour recevoir un condamné à mort bien dodu après chaque affaire résolue. Lorsqu’il se met à enquêter sur l’enlèvement – assorti d’une demande de rançon – d’un adolescent de 14 ans, Blake se voit flanquer une partenaire, l’agent Reese Thistle qui, même bienveillante à son égard, va mettre en danger la confidentialité de sa répugnante habitude.
Ce résumé succinct tendrait à catégoriser le premier roman pour adulte de Jack Heath – l’auteur australien à déjà une vingtaine de romans jeunesse à son actif – comme une sorte de croisement entre Dexter et Le Mentaliste. Si l’on retrouve effectivement cette idée en filigranes dans le livre – et surtout de réelles références à la série de romans de Jeff Lindsey sur le personnage de Dexter, jusque dans le style et la narration à la première personne –, elle ne devrait pas occulter la réelle richesse de Mange tes morts, lequel parvient à mettre en place tout un univers qui lui est propre et qui ancre les personnages dans un contexte créé de A à Z par l’auteur.
Parvenant à mener de front l’enquête proprement dite, les desideratas du personnage principal, et le développement de cet univers particulier, Jack Heath réussit également – et surtout – à rendre son personnage de cannibale psychotique attrayant, voire sympathique, et à faire en sorte que l’on s’intéresse nettement plus à son sort qu’à celui de la victime sur laquelle il enquête. Même si elle a toute son importance dans le déroulé narratif du roman, cette enquête prendrait presque des allures de McGuffin, de prétexte pour passer du temps avec le personnage de Tim Blake, notamment dans la relation qu’il noue progressivement avec l’agent Reese Thistle.
Arrivé au bout de la lecture, on ne peut s’empêcher de penser que Mange tes morts ferait un très bon premier épisode d’une série de romans sur le personnage de Tim Blake. De ce point de vue, le final se montre pourtant assez déceptif, car il semble fermer certaines portes quant aux possibilités narratives d’une potentielle suite, même s’il en ouvre aussi de nouvelles. L’avenir nous dira si Blake le cannibale aura une vie après Mange tes morts.