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    Mandarine : le grand retour des Innocents

    Dans le monde musical actuel, beaucoup d’artistes ont soif de reconnaissance et s’accrochent parfois coûte que coûte à une gloire devenue moteur de leur carrière. Eux qui avaient des rêves, des envies, des messages à faire passer, des choses à revendiquer à leurs débuts. Les voilà faisant la tournée des plateaux télé, les radios et autres feuilles de choux, répétant des réponses toutes faites. Réponses qui sont souvent dénuées d’intérêt parce que c’est justement ce que beaucoup perdent au fil du temps. Derrière les promos, les tournées, l’image, beaucoup d’artistes se perdent et ne savent tout simplement plus pourquoi ils font ce métier. Certains jouent le jeu hypocrite et sourient au caméra. D’autres claquent la porte.

    C’est ainsi le cas des Innocents. Une formation menée par J-P Nataf et Jean-Christophe Urbain que le public francophone a adulé dans les années 90 avec des chansons superbes comme Un Monde Parfait, L’autre Finistère, Un Homme Extraordinaire, etc.

    Les chansons des Innocents nous emmenaient vers un « ailleurs » meilleur, loin de nos tracas, la douceur, les voix mélodieuses, tout était parfait et sonnait de façon limpide. Le groupe avait acquis une notoriété, un public. Mais, la sincérité l’emportant le groupe se sépare après un quatrième album éponyme. (La lassitude ayant eu raison de Jean-Christophe Urbain qui claqua la porte en 2000.)

    Le temps passe, J-P Nataf se lance en solo et renoue avec le plaisir de la scène. Puis, il revoit son comparse des Innocents. Les deux hommes passent du temps à mieux se connaître et se lient finalement d’amitié, eux qui ne se voyaient autrefois que comme des collaborateurs. Ils ont à nouveau l’envie de faire de la musique ensemble.

    Et les revoici donc, en duo, avec Mandarine, l’album tant espéré par leurs fans depuis plus de 15 ans.

    Alors, on peut redouter un tel disque, car il peut être aussi bon que détestable. Les années passent, les gens changent, le monde musical aussi. Alors, que peut-on attendre d’un disque après 15 ans d’absence ? Et bien qu’il nous surprenne, tout simplement.

    Et c’est là que les deux Innocents parviennent à nous ébahir comme on retire le voile d’une sculpture lors d’un vernissage, on est très agréablement surpris lorsqu’on écoute Mandarine.  Les deux comparses ont gardé l’essence de ce qu’était Les Innocents et ont apporté quelque chose de plus à ce disque pour lui apporter un identité.

    Ce n’est pas un album de plus des Innocents, c’est plutôt un renouveau. Deux voix, des mélodies qui nous font de nouveau entrer dans leur univers particulier, et ces textes pensés, réfléchis. Chaque mot est pesé, chaque phrase nous touche et nous raccroche davantage à cette sensation paisible que l’on a tout au long de l’album. Après être passé par la joie, la mélancolie, le doute et enfin l’émerveillement, on se sent tout simplement mieux après un tel disque. Les Innocents nous font passer par toutes sortes d’émotions grâces à des mélodies savamment travaillées (leur talent résultant d’une fausse simplicité) et des textes vivants.

    Certes, tout n’est pas rose dans leur textes, mais les Innocents parlent de la vie et surtout de nous comme s’ils nous avaient toujours connus. On se retrouve toujours dans l’une ou l’autre chanson.

    Sans fioriture, Mandarine nous donne ce que l’on attend des Innocents aujourd’hui. Un groupe qui a évolué tout en restant vrai et cela se ressent très fort sur cet album à savourer du début à la fin.

    Christophe Pauly
    Christophe Pauly
    Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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