Mamie n’a plus toute sa tête, humour noir pour un sujet complexe

Scénario : Roman Dutreix
Dessin : Roman Dutreix
Éditeur : Dargaud
Sortie : 07 juin 2024
Genre : Humour

Venant d’un auteur faisant partie de l’équipe du mensuel Fluide glacial et dessinateur au Canard enchaîné, il fallait s’attendre à ce que l’humour de Mamie n’a plus toute sa tête soit particulièrement relevé. Et Romain Dutreix ne nous a pas déçu en proposant un petit bijou d’humour noir et cynique qui pourra certes faire grincer quelques dents mais est tellement jouissif quand on s’y prend au jeu.

La mamie de Romain Dutreix n’a plus toute sa tête : lorsque des employés du gaz ou d’Engie viennent la visiter, la pauvre confond les uniformes de ses visiteurs avec ceux de la Gestapo ! Ce qui ne serait pas trop grave, si elle n’imaginait que son défunt mari et ancien résistant la pousse à les éliminer dans la cave de la maison… Non seulement c’est moralement répréhensible, mais notre héros doit alors éliminer toute trace des méfaits de sa mamie. Et tous ces meurtres, à couvrir, ça prend du temps alors sa femme commence à se poser des questions : n’aurait-il pas une liaison ?

Ouvrage dans lequel l’auteur se met lui-même en scène en s’inventant une double vie, Mamie n’a plus toute sa tête joue sur le comique de situation ainsi que sur les quiproquo et un humour très noir pour faire rire son lectorat. Et même si on peut éprouver de l’empathie pour toutes les personnes qui perdent la mémoire ou leurs proches qui doivent les soutenir dans cette épreuve, on se dit que le rire est un excellent moyen pour désamorcer les crises et apporter un peu de légèreté à une situation tragique. D’autant plus  qu’hormis l’auteur, aucun des personnages ne semble être doté de capacités intellectuelles extraordinaires, ce qui renforce le côté comique de certaine situations.

Pari réussi pour Romain Dutreix qui parvient à nous faire rire tout en évoquant un sujet particulièrement difficile. On attend dès lors la seconde partie de ce diptyque pour connaître le fin mot de l’histoire.