Mon Cœur Avait Raison est le second opus du rappeur parisien d’origine congolaise, Maître Gims. Un album qu’il a voulu ambitieux, et plus poussé que le premier, mais c’est malheureusement un échec, et l’ambition s’est transformé en recyclage raté.
L’album est en deux parties appelées Pilule Bleue et Pilule Rouge (en référence à un des films préférés du rappeur : Matrix). L’une est plus R&B/pop urbaine, et la seconde retrouve les sources du chanteur avec un rap agressif.
Dès l’intro de Pilule Bleue on retrouve un R&B vieillot, qui donne la sensation que le style n’a pas évolué depuis 10 ans. Sur fond d’une petite mélodie simple au piano, des violons synthétisés qui recouvre le tout, on a l’impression de rentrée dans le clip des Confessions Nocturne de Diam’s & Vitaa en 2006.
En écoutant cet album, on se sent comme Néo. La Pilule Bleue nous laisse dans un vieux R&B amer et dépassé, qui ne se renouvelle pas. On a l’impression d’écouter une complication de Nuttea à la sauce Gims. Quant à la Pilule Rouge, elle ne fait que révéler le piètre talent d’auteur de Gims & révèle ses faiblesses avec des acrobaties musicales qui ne renforcent que le manque d’originalité de l’album.
On nous ressort encore et encore les mêmes accords et mêmes rythmes répétitifs et usés, un peu comme ses refrains vides comme dans le single Est-ce que Tu M’aimes? pour n’en citer qu’une. Avec le titre Hasta Luego on dirait presque un remix du premier album mais en moins bien. Gims a ajouté par-dessus des paroles défaitistes et se morfond sur lui-même.
Et soudainement, avec Habibi, la 6e chanson de l’album, on a l’impression de changer de disque. On entre vraiment dans une pop plus qu’URBAINE qui reprend une mélodie qu’on pourrait confondre avec des musiques maghrébines et de gros samples bien gras.
Mais on retombe très vite dans ce R&B vieillot avec la chanson qui suit, Je Te Pardonne. Souvent les mêmes thèmes qui reviennent, des effets trop nombreux sur la voix qui gâche un peu les chansons, un rythme binaire et une mélodie au piano pour dramatiser le tout accompagné d’une guitare espagnole qui en rajoute une couche : déjà fait, vu et refait, on s’en lasse.
Puis on enchaîne tout de suite avec Laissez Passer, une chanson arrogante rien que par son premier couplet. On sent que l’ancien leader de la Sexion d’Assaut a un peu pris la grosse tête en solo.
Dans Pilule Rouge (comme dans Pilule Bleue) on annonce la couleur dès l’introduction. Un rythme beaucoup plus soutenu, Maître Gims déballe ses textes à toute vitesse, on retrouve enfin le rappeur qu’on connaissait de son Subliminal.
Mais un retour au rap certes, mais un manque de souffle certain comme dans la première partie de l’album. A part le style musical, on peut reprocher le même manque d’extravagance de et prise de risque sur Pilule Rouge. Le rap proposé est du réchauffé. On s’ennuie, on se lasse, les chansons passent sans nous laisser de goût.
Gims avait annoncé un album plus «léger» et pop pour la première partie de son album et c’est loupé. Avec des paroles un peu fourre-tout et peu recherchées, aborder des thèmes universels sans chercher l’originalité, on tombe vite dans les clichés du rap urbain avec toujours cette sensation d’écouter un vieil album.
Maître Gims a annoncé que MCAR serait le meilleur album de l’année et au final on se retrouve avec un double-disque prétentieux et raté. En 26 chansons, on pourra n’en retenir que quelques-unes, notamment Je Te Pardonne en featuring avec Sia ou ABCD.
Un album faible et répétitif que ce soit dans les paroles ou les mélodies. Des rythmes parfois bancaux qui ont du mal à coller aux paroles. On s’ennuie et les disques s’étendent sur des longueurs et des morceaux vides.
Entre les chansons pour montrer qui est « le boss » (Number one, Laissez Passer…) ou les chansons d’amour avec envolé lyrique sur fond synthétisé (Mon Coeur avait Raison, Est-ce Que tu M’aimes…) on trouve un album peu exceptionnel, qui ne marque pas, ou plutôt par son manque de fantaisie et d’excentricité.