De Chantal Akerman, mise en voix de David Strasberg, avec Natacha Régnier
Le 17 et 18 septembre 2016 à 20h30 et 16h au Théâtre des Tanneurs
Ma mère rit, le dernier ouvrage littéraire de Chantal Akerman publié aux éditions Mercure de France, est un récit autobiographique qui se présente comme un affrontement à la vie quotidienne, avec ses lenteurs et ses brûlures, ses noirceurs et ses petits joies simples, construit comme une fragmentation par séquences tel un travail de mémoire.
Ce samedi 17 Septembre 2016, ce n’était pas Chantal Akerman, récemment décédée le 5 Octobre 2015, qui nous livrait une lecture publique de son livre, mais l’actrice belge Natacha Régnier qui en proposait une interprétation, mise en scène par David Strosberg, également directeur artistique du Théâtre des Tanneurs depuis 2010.
Une fois le public installé, la mise en scène — minimaliste — n’attend que Natacha Régnier qui vient s’attabler sous la lampe de chevet qui éclairait le manuscrit. Minimaliste, mais peut-être pas assez puisque l’actrice belge, une fois assise sur sa chaise de lecture, ouvre une bouteille d’eau à l’aide d’un ouvre-bouteille et boit à même la bouteille. Est-ce la volonté de s’humidifier la bouche ? Ou alors une manière de se donner du courage ? Alors, pourquoi ne pas fumer la cigarette joliment installée dans un cendrier et contenant déjà des dépôts de cendres ?
Cette mise en espace, relativement faible et inutile, laisse la place alors à l’essentiel : la mise en voix — ou comment une comédienne, grâce à des effets de sens et un travail sur la mise en bouche — peut-elle proposer une lecture à voix haute d’un texte littéraire.
Et c’est justement sur ce point que la déception fut la plus grande dans la mesure où l’écart entre le texte — lu par soi et pour soi — et l’interprétation qu’en fit Natacha Régnier ne concorde pas le moins du monde, et pire, provoque des dissonances et faux accords. Et pourquoi donc elle rit maintenant ? Je n’imaginais pas Chantal Akerman rire à ce moment-là…
Expérience utile finalement que de réfléchir sur la teneur d’une mise en voix d’un texte littéraire, autobiographique et hautement personnel.