M
de Sara Forestier
Drame
Avec Sara Forestier, Redouanne Harjane, Jean-Pierre Léaud
Sorti le 15 novembre 2017
Lila (Sara Forestier) est une jeune bègue qui se mue dans le silence pour éviter les quolibets de ses camarades de classes. Un jour, elle rencontre Mo (Redouanne Harjane), une petite frappe de quartier, pilote clandestin à ses heures perdues. Il va s’attacher à cette jeune fille qui lui paraît tellement fragile. Pourtant, à son contact, Lila prendra de l’assurance et Mo va s’avérer ne pas être si solide que cela.
Il est difficile de traiter le handicap au cinéma. Même si parfois on s’approche de la réussite, nombreux sont les films qui se transforment soit en hymne à la différence soit en comédie décalée, légère et pleine de bons sentiments. Ces difficultés, Sara Forestier passe allègrement au travers. Au niveau du scénario, les enjeux de départ sont, d’entrée, alléchants. Quelle belle idée de réunir ces deux écorchés qui subissent au quotidien le regard de la société ! Incompatibles au départ, ces deux êtres trouvent la force de s’accepter l’un l’autre et se découvrent une complémentarité paradoxale. Même si la romance comporte quelques maladresses voire quelques clichés, la force des personnages nous laisse attachés de bout en bout à ce couple improbable.
Et si le scénario nous parait parfois un peu gros, la grande qualité de ce film est le jeu des acteurs. Avec une Sara Forestier magnifique dans ce rôle de jeune bègue qui, d’un bout à l’autre, nous fait ressentir les sentiments les plus agréables. Difficile de ne pas être touché par un personnage habité de manière aussi naturelle et avec un si grand talent. La bonne surprise de ce film est la brillante performance de Redouanne Harjane que l’on connait plus pour ces interprétations de chansons à l’humour noir et absurde. Ce rôle de pilote clandestin lui sied à merveille. Un peu poète, un peu rustre, il s’accorde parfaitement avec sa partenaire principale. À noter que les rôles secondaires sont aussi une réussite, depuis la petite sœur un peu chipie jouée à la perfection par la jeune Liv Andren jusqu’à la présence d’un Jean-Pierre Léaud assez crédible en père alcoolo-dépressif.
Toujours dans la cohérence malgré quelques longueurs, la réalisation est propre, maîtrisée avec une gestion du rythme qui, pour un premier film, est de très bon augure d’autant que la mise en image est extrêmement aboutie. Sara Forestier entre ainsi remarquablement dans la lignée de ces cinéastes qui ont décidé de faire des films de société en élaguant un maximum de pathos pour laisser place à l’humour, l’espoir et l’utopie.
M. est donc un vrai feel good movie « à la française » (dans le bon sens du terme) où le naturel enchanteur de Sara Forestier et la sobriété sauvage de Redouanne Harjane nous touchent et l’on en sort avec une belle sensation de bien-être.