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    Loups-Garous : c’est bon, c’est mauvais ou un peu des deux ?

    Cela fait quelques semaines que Netflix a teasé la sortie de cette adaptation du jeu de société Les Loups-Garous de Thiercelieux qui mettent l’ambiance dans les groupes de joueurs depuis plus de 20 ans. Doté d’un gros casting, ce film était attendu au tournant par pas mal de monde et il allait irrémédiablement provoquer des déceptions auprès des fans. Et ça n’a pas raté, quelques jours avant la sortie, les premiers avis sont tombés et ils sont souvent désastreux. Mais est-ce vraiment du même acabit que l’adaptation de Robin des Bois par Anthony Marciano et Max Boublil ? Peut-être pas et on va essayer ensemble de voir ensemble le bon et le mauvais de ce long-métrage.

    Le premier point qui pourra diviser est l’intrigue même du film. On découvre dans les premières images, une famille qui tente de jouer à un jeu appelé Les Loups-Garous de Thiercelieux, inventé par le patriarche (Jean Reno) qui malheureusement perd la mémoire. Si Jérôme (Franck Dubosc) tente quand même d’y jouer, il ne trouve pas beaucoup de soutien : sa femme (Suzanne Clément), avocate, doit appeler son cabinet ; sa fille n’a pas le temps car elle doit démarrer un live auprès de sa communauté ; le fils de sa femme, en quête d’identité, semble ne s’intéresser à rien. Et même la petite dernière ne semble pas vraiment s’intéresser à ce jeu pour les vieux. Mais en refermant la boîte, Jérôme active un séisme dans la maison qui les envoie tout droit dans un village moyenâgeux où les loups-garous attaquent la nuit. Ils comprennent vite qu’ils vont devoir débusquer les loups-garous et exploiter leurs nouveaux pouvoirs pour pouvoir rentrer chez eux.

    Si l’histoire semble coller parfaitement aux règles du jeu de société, les fans du jeu peuvent être déçus de l’absence des éléments dramaturgiques qui font l’essence du jeu : l’enquête et les trahisons. Car, divertissement familial oblige, tout est plutôt sage, la famille reste soudée malgré la présence d’un loup-garou en leur sein et l’enquête ne vole pas très haut au vu du peu de personnages secondaires présentés. Et puis, il faut bien arriver à tout caser dans 1h35 de film.

    Ce qui fonctionne, par contre, c’est l’idée un peu à la Jumanji de plonger cette famille dans un monde différent. L’aventure est menée tambour battant, sans temps morts et c’est visuellement pas trop mal. Que ce soit dans la reconstitution un peu factice, mais pas trop, ou dans les effets spéciaux utilisés pour les loups-garous. Le casting s’en sort aussi plutôt bien, même si leur caractérisation tient parfois en une ligne. Tout aurait été pour le mieux si les scénaristes ne s’étaient pas sentis obligés d’ajouter trop d’humour, de référence et la défense de grandes causes pour tenter de faire plaisir à tout le monde. Sommes-nous obligés de se farcir le patrimoine musical français dans ce qu’il a de plus cliché ? Goldman, Céline Dion, Johnny Halliday ou même Michel Sardou ? Ou d’enchaîner les bonnes ref’ à Michel Sardou puis tenter de parler de la cause des femmes, de racisme, d’homosexualité ? D’ailleurs faire rire avec un personnage homosexuel qui n’a comme ressort que de draguer le personnage principal et d’avoir de quoi maquiller une fille chez lui, est-ce vraiment encore possible ?

    Au final, qu’est-ce qu’on en retient ? Il y a de bonnes choses dans cette adaptation d’un jeu de société, en tout cas assez pour passer un bon moment sur une plateforme de streaming. La forme est réussie grâce à une patte visuelle pas trop moche et un chouette casting. Malheureusement, à force de vouloir trop en faire et tenter de mettre assez de contenus pour tout le monde dans 1h35, le fond de Loups-Garous est plutôt décevant. De ce côté-là, seule l’histoire touchante entre un père (Jean Reno) et son fils (Franck Dubosc) trouve grâce à nos yeux.

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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