Conception texte et mise en scène de Lola Arias
Avec Yoseli Arias, Paulita Asturayme, Carla Canteros, Natal Delfino,Estefania Hardcastle, Noelia Perez
Musicienne au plateau Inés Copertino
Du 12 février au 15 février 2025
Au Théâtre National
Des femmes, avec ou sans enfants, ainsi que des personnes transgenres, ex-détenues d’une prison de Buenos Aires, proposent un spectacle joyeux, musical et dansant, tout en évoquant les heurts et malheurs d’un parcours difficile. Cette pièce fait suite au tournage d’un film abordant le même sujet au même endroit, « Reas » de Lola Arias. Les interprètes relatent tour à tour les événements marquants de leur vie, leurs peurs, les petits métiers exercés, les relations avec leurs enfants, etc. Ces récits sont entrecoupés de prestations musicales, de danse et de chant. Le spectacle suscite l’émotion davantage par la force du témoignage que par sa mise en scène, quelque peu répétitive.
Une grande structure métallique à deux niveaux figure la prison, mais devient ponctuellement un autre lieu, comme un local d’interview. Dès la première scène de Los dias afuera, après les barreaux, une réinsertion pétillante, chaque personne, vêtue de noir et bien habillée, partage plusieurs faits personnels, évoquant souvent la prison, le nombre de séjours et de jours d’enfermement. On comprend vite que les parcours des protagonistes ont été marqués par de nombreuses épreuves.
Les interprètes s’engouffrent ensuite dans une voiture dont l’avant est filmé et projeté sur grand écran. Tout au long du spectacle, ces trajets simulés permettent d’enclencher les dialogues. Paradoxe du récit : en sortant de prison, il faut réapprendre à vivre, et il arrive que l’on ait envie d’y retourner. La réinsertion n’est pas facile et les insomnies fréquentes après avoir été réveillé toutes les deux heures pendant plusieurs mois ou années. Trouver un emploi est un véritable défi en cas d’antécédents judiciaires ; faute de perspectives, le trafic de drogue peut sembler une issue. Le cercle vicieux des séjours carcéraux s’enclenche alors.
Le spectacle se veut un tremplin vers la réinsertion, comme exprimé sur scène : « On a ce travail maintenant ! ». La prison peut aussi être un lieu d’apprentissage, comme pour Nacho, « avocat bidon » après avoir rédigé un grand nombre de requêtes pour ses codétenus. À l’extérieur, Nacho est chauffeur et, cette fois, « psy bidon », à force d’écouter ses clients avec attention.
Et puis, il y a l’amour, thème omniprésent dans le spectacle, notamment à travers les chansons. En prison, on a le droit d’avoir des « petits amis téléphoniques », en interne ou même à l’extérieur. Évidemment, les minutes sont comptées, mais elles n’en sont que plus précieuses.
Si le parcours des protagonistes est captivant et émouvant, le spectacle souffre d’une mise en scène un peu simple et sans réelle surprise, malgré l’usage d’une mini-scène sur roulettes permettant de modifier les décors. En revanche, on retiendra l’énergie communicative du spectacle, notamment grâce à la cumbia, et la présence scénique des interprètes, particulièrement à l’aise. Un spectacle qui mérite assurément d’être vu.