Loro
de Paolo Sorrentino
Biopic, Drame
Avec Toni Servillo, Elena Sofia Ricci, Riccardo Scamarcio
Sorti le 31 octobre 2018
Le film commence par la citation est de Giorgio Manganelli : « Tout documenté, tout arbitraire ». Un petit texte nous explique plus ou moins la même chose : que certains personnages sont réels mais que d’autres sont le fruit de l’imagination. En effet, certains personnages ont gardé leurs noms ou prénoms, d’autres représentent des figures de la scène politique italienne sans être identifiés de manière fidèle, d’autres encore incarnent dans leur rôle plusieurs personnalités connues. Ainsi, le réalisateur justifie ses choix en présentant la vie privée et politique de Silvio Berlusconi depuis 2006 – date de la chute du troisième gouvernement – jusqu’en 2010, moment où se concentrait un vent de crise sur le quatrième gouvernement.
Sorrentino n’était pas intéressé à raconter l’histoire politique de Berlusconi, mais plutôt son côté de « vendeur de rêves ». Pourtant, celui-ci n’apparait qu’après une heure. En effet, tout au long du film, nous nous rendons compte que le réalisateur ne se soucie guère de la reconstruction fidèle de ces années et de ce personnage. Il semble vouloir donner vie à une sorte de « teatrino » où les passions et les vices sont exprimés de manière explicite et très complaisante, jusqu’à la lassitude, voire le dégoût. Car l’histoire se centre d’abord et surtout sur un certain Sergio Morra qui, entre drogue et sexe, organise un cercle de prostitution pour obtenir les faveurs des personnalités puissantes, en utilisant des jeunes filles prêtes à tout. Cet homme, qui semble bien représenter Gianpaolo Tarantini, tente de se faire remarquer par Silvio pour devenir l’un des siens.
La première scène se développe sur un cliché qui ne trouve pas d’explication sinon celle de devoir placer quelque chose de comique. Dans une villa en Sardaigne, un mouton ne pouvait pas manquer. Donc, un mouton entre dans le salon, le climatiseur s’active, le mouton fixe la télé, un programme de distraction célèbre en Italie. Le bruit de l’air couvre tout, le mouton commence à trembler de froid car la température descend rapidement. Soudain, l’air atteint le degré 0 et s’éteint ; le mouton tombe raide mort. La scène colle mal avec le reste du film, tout comme le personnage de Silvio dont la caricature poussée à l’extrême et le maquillage exagéré font dissonance avec les autres visages.
Sorrentino présente un homme-clown en plein déclin tant dans sa relation amoureuse et ses amitiés que dans sa position politique, en insistant dans le stéréotype de celui qui, imbu de lui-même, ne remarquerait pas le pathétisme de son théâtre et qui ne comprendrait pas pourquoi il se retrouve soudain seul au monde.